(Dessin réalisé au primaire) Contactez-moi : cejean@charleries.net |
Les charleries Bienvenue sur mon blogue, Ce blogue contient des souvenirs, des anecdotes, des opinions, de la fiction, des bribes d’histoire, des récréations et des documents d’archives. Charles-É. Jean
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Séminaire de Rimouski |
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3435
7 février 2017
Les films
Dans les années 1950, quand j’étais pensionnaire au Séminaire de Rimouski,
des films étaient présentés à la Salle académique lors des congés où le
temps était maussade. C’était une joie d’entendre la voix des maîtres de
salle qui annonçaient une telle activité.
Personnellement, au début j’y assistais. Toutefois, j’avais un problème de
taille. Comme j’ai beaucoup de difficultés à reconnaître les visages, je
perdais des séquences à me demander si le comédien était le même qui
était apparu auparavant. Mes interrogations étaient si nombreuses en
cours de représentations que je finissais par sombrer dans le sommeil.
De tous les films que j’ai vus à l’époque, j’ai souvenance de n’en avoir
vu aucun en entier. Je sortais de la Salle académique le corps reposé,
mais j’étais frustré. Si bien que j’ai abandonné de me consacrer à cette
activité masochiste.
Rendu à la grande salle, il était permis d’aller voir des films au Cinéma
Auditorium de la rue Michaud le dimanche après-midi à la condition d’avoir 16
ans pour certains films. Il y avait présentation de deux films en
rafale. Le tout commençait à 13 heures. Chaque dimanche, un problème se
dessinait à l’horizon. Nous devions revenir au Séminaire à 16 heures 10.
Évidemment, le deuxième film roulait encore. Nous n’avions pas le choix
de respecter l’heure du retour, sinon ce privilège nous aurait été
personnellement retiré.
Quand mon maigre budget le permettait, je consacrais 25 sous pour aller à ce
cinéma. Avec beaucoup d’efforts, je réussissais à mieux suivre le film
surtout quand je connaissais certains acteurs. Évidemment, j’avais exclu
tout film d’espionnage, car il arrive qu’on joue sur la ressemblance des
figurants.
La grande majorité des spectateurs en ces dimanches après-midis étaient des jeunes du Séminaire et de d’autres institutions comme de
l’école de Commerce et de l’école Technique. À partir de 16 heures, les
élèves du Séminaire, portant le blazer marine, sortait un à un gêné,
frustré, la tête entre les deux jambes. On ne savait jamais comment
s’est terminé le deuxième film.
Parmi les films que j’ai retenus de cette époque, on retrouve :
•
Certains l’aiment chaud (Some
Like It Hot), un des films le plus drôle du 20e siècle
avec Marylin Monroe et Tony Curtis, 1959, dont la durée est de 120
minutes.
•
Le pont de la rivière Kwaï, 1957, d’une durée de 161 minutes.
•
Une vie, 1958,
d’après le roman du même titre de Guy de Maupassant. Ce film d’une durée
de 86 minutes que j’ai vu au Cinéma Cartier m’avait profondément
troublé. D’ailleurs, une nouvelle version a vu le jour en 2016. |
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3365
10 janvier 2017
Communautés religieuses
Au début de
la colonie, les institutions religieuses achetaient des terres pour
assurer notamment la subsistance de leurs membres. Là où elles
s’implantaient, les lieux se développaient rapidement et finissaient par
attirer suffisamment d’habitants pour former une ville.
En 1937, la ville de Rimouski
occupait un espace restreint, soit 3,4 kilomètres carrés, alors
qu’aujourd’hui son territoire est de 529,5 kilomètres carrés.
Les communautés et institutions
religieuses à savoir l'Évêché, le Séminaire, les Frères du Sacré-Cœur,
les Sœurs du Saint-Rosaire, les Sœurs de Jésus-Marie, les Sœurs de la
Charité et les Ursulines occupaient dans la ville 0,38 kilomètre carré,
soit 11 % de la superficie totale. Ces institutions employaient 267
personnes. En plus, la ville comptait 546 propriétaires : trois
propriétaires de fermes et 543 propriétaires de maisons.
Les quatre rangs de Rimouski
formaient la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski qui
occupait 58,9 kilomètres carrés. Cette dernière était entourée par les
municipalités rurales de Sainte-Anne-de-La-Pointe-au-Père,
Saint-Anaclet-de-Lessard, Sainte-Blandine, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur et
la ville de Rimouski.
Quatre institutions religieuses y
possédaient des terres qui étaient les prolongements de celles qu’elles
possédaient dans la ville de Rimouski. Ces institutions détenaient 2,66
kilomètres carrés : 1,04 kilomètre carré pour le Séminaire de Rimouski,
0,04 kilomètre carré pour
les Frères du Sacré-Cœur, 1,16 kilomètre carré pour les Sœurs du
Saint-Rosaire et 0,42 kilomètre carré pour les Ursulines.
De plus, le Séminaire de Rimouski
détenait une petite terre de 0,2 kilomètre carré au Bic. Cela correspond
à un lot de 2 arpents de front par 30 arpents de profondeur. Peut-on
penser qu’un père de famille a cédé son lot pour payer les frais de
pension et de scolarité d’un de ses fils au Séminaire ?
La paroisse religieuse de
Saint-Germain-de-Rimouski comprenait alors le territoire de la ville et
une bonne partie de la municipalité rurale de Saint-Germain-de-Rimouski.
Je me souviens que, dans les
années 1960, sous la deuxième rue, il y avait un tunnel pour laisser
passer les vaches du Séminaire dont le gestionnaire était l’École
d’agriculture.
(La plupart des renseignements de
ce texte sont puisés dans Rapport
d’un inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté
municipal de Rimouski, publié en 1938 par l'Office de recherches
économiques du Québec. » |
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# 3305
17 décembre 2016
Mon professeur le moins estimé
De nouveau, c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski en septembre
1955. Je suis en Méthode C. Pour la première année dans l’histoire de ce
collège classique, il y a trois groupes dans ce degré. Les titulaires
des classes A et B sont des laïcs qui ont bonne renommée.
Le professeur titulaire de mon groupe est l’abbé Firmin Bonnet (ce
n’est pas son vrai nom). C’est un amateur de littérature et de musique.
Il est plutôt de nature insouciante et n’a pas l’air d’aimer son métier,
sauf quand il nous parle de ses passions.
L’abbé Bonnet arrive souvent en retard en classe. Le temps, pour
lui, semble ne pas compter. Il fait son possible pour nous enseigner les
rudiments des matières dont il est responsable : français, latin,
histoire et géographie. Toutefois, on ne sent aucun enthousiasme dans
son enseignement. Il semble plutôt exercer sa tâche en amateur et sans
zèle véritable. Parfois, il a l’air endormi et ailleurs.
Il corrige rarement les travaux dont il nous gratifie. Quand il le
fait, les travaux reviennent deux ou trois semaines plus tard avec
presque pas d’annotation.
Un jour, l’abbé Bonet arrive en classe … en retard. Pour une fois,
il nous donne la raison de ce retard. « Je viens de rencontrer le préfet
des études, dit-il, et il me demande les notes du trimestre pour
après-demain. Je n’ai aucune note en latin depuis le début de la
session. Demain, vous aurez un examen. »
Le lendemain arrive. Comme les autres élèves, je m’attends à une
version latine, à un thème latin ou encore à des questions de grammaire
latine. Pas du tout. Il nous propose 20 proverbes … en français. Il
s’agit pour nous d’associer deux à deux des proverbes qui ont à peu près
le même sens.
Après l’examen, il demande à trois ou quatre élèves de la classe
d’aller à sa chambre le soir même pour corriger les travaux. Le
lendemain, pour une fois rapidement, les résultats nous arrivent. Nous
avons notre note de latin pour le trimestre.
Un fait significatif. Quatre ans plus tard, l’abbé Bonnet est nommé
desservant dans une paroisse de la Gaspésie. Dès son arrivée, il annonce
aux fidèles qu’une messe aura lieu à 16 heures chaque jour de la
semaine. Toutefois, comme il sait qu’il est souvent en retard, il
indique qu’il sonnera la cloche de l’église 15 minutes avant le début de
la messe. De plus, si la cloche ne résonne pas, il n’y a pas de messe.
L’année où l’abbé Bonnet m’a enseigné, mes résultats furent
catastrophiques. Il est clair que j’ai porté le bonnet d’âne.
Je tiens à ajouter que cette appréciation relève de mon vécu. Les
autres élèves n’avaient pas nécessairement la même opinion à son égard. |
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# 3250
25 novembre 2016
Les
programmes d’études
Aujourd’hui,
le ministère de l’Éducation conçoit un programme d’études pour chaque
matière et pour chaque degré à l’intention des écoles du Québec. Il
n’est pas rare de voir un programme dans un document dépassant les 100
pages. Les éditeurs de manuels scolaires produisent à partir de ce
programme. Les élèves sont évalués par des examens du Ministère dans les
matières qu’il choisit.
Autrefois, le
Séminaire de Rimouski était affilié à l’université Laval. La
responsabilité des programmes relevait de la faculté des Arts de cette
université. Le diplôme était décerné par l’université. Il s’appelait
baccalauréat ès arts.
Cette faculté
faisait passer des examens de fin d’année dans certaines matières de
quatre degrés : Versification, Rhétorique, Philosophie I et Philosophie
II. Ces examens ne tenaient qu’à une feuille. Par exemple, en
Philosophie II, l’examen de mathématiques d’une année ne comportait que
six problèmes.
Les
programmes étaient généralement succincts.
La photocopieuse n’existait pas encore et les moyens d’impression
étaient plutôt artisanaux.
En 1953-1954,
alors que j’étais élève au Séminaire de Rimouski, les programmes pour
une matière ne dépassaient pas 10 lignes par degré. À titre d’exemple,
je présente dans leur intégralité les programmes de mathématiques pour
les huit années du cours classique cette année-là. Les mots en italique
réfèrent à un titre de manuel scolaire.
• Éléments
latins : Les mathématiques de la
vie courante (FEC).
• Syntaxe
latine : Arithmétique (FEC).
Algèbre et géométrie.
• Méthode :
Algèbre et géométrie.
•
Versification : Programme de l’immatriculation :
Arithmétique, cours supérieur (FEC). Algèbre, géométrie.
Trigonométrie (FIC).
•
Belles-Lettres : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie
plane et géométrie analytique.
Trigonométrie (FIC).
•
Rhétorique : Programme de l’université Laval : algèbre, géométrie plane,
géométrie analytique, trigonométrie.
• Philosophie
I : même programme qu’en deuxième année : algèbre, géométrie.
Trigonométrie (FIC).
• Philosophie
II : Programme du baccalauréat : Cours d’algèbre élémentaire (Réunion de professeurs).
Cours de géométrie (Classes de
2e et de 1e, Réunion de professeurs).
Trigonométrie (Hall & Knight). Calcul différentiel.
Certains
manuels avaient été écrits par des communautés de Frères (FEC : Frères
des Écoles chrétiennes et FIC : Frères de l’Instruction chrétienne).
Ceux provenant d’une réunion de professeurs avaient été édités en
France. Hall & Knight étaient deux auteurs américains dont le livre
avait été traduit en français.
Il est
probable que les jeunes enseignants de mathématiques d’aujourd’hui
seront surpris de constater la brièveté des programmes et des examens,
surtout quand on sait que, de nos jours, un examen de mathématiques peut
s’étendre sur une dizaine de pages. |
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# 3195
3 novembre 2016
Distribution des prix
À la fin de chaque année, au Séminaire de Rimouski, comme dans tous les
collèges classiques, il y avait la distribution solennelle des prix.
L’événement se tenait pour encourager la réussite scolaire, tout en
soulignant la fin des classes. Les parents étaient invités à assister à
cette cérémonie.
Généralement, deux prix d’excellence et deux accessits d’excellence
étaient attribués dans chaque groupe-classe. Les prix d’excellence
allaient aux deux élèves qui avaient obtenu la meilleure moyenne de
toutes les matières et ce, pendant toute l’année. Les deux suivants
obtenaient des accessits d’excellence. Il y avait aussi de telles
distinctions pour chaque matière. De plus, tout élève qui avait obtenu
une moyenne de plus de 66 ⅔ % et qui n’avait pas de prix ou d’accessits
recevait une mention honorable.
À titre d’exemple, voici les honneurs reçus par les quatre premiers de
classe d’Éléments latins C en 1953-1954 :
• Charles-Henri Desrosiers : Premiers prix d’excellence, de composition
française, de grammaire française, de grammaire latine, d’anglais, de
sciences, de devoirs et leçons. Deuxièmes prix d’explication française
et de version latine. Premiers accessits de thème latin et de
catéchisme. Deuxième accessit d’histoire.
• Jérôme Gendron : Deuxième prix d’excellence. Premiers prix d’analyse,
d’histoire et de thème latin. Deuxièmes prix de grammaire française, de
devoirs et leçons. Premier accessit d’anglais. Deuxièmes accessits de
composition française et de version latine.
• Paul Bérubé : Premier accessit d’excellence. Deuxièmes prix
d’histoire, de chant et de diction. Premier accessit de devoirs et
leçons. Deuxièmes accessits de dictée, de grammaire française, de
grammaire latine et de catéchisme.
• Raymond Levasseur : Deuxième accessit d’excellence. Premier prix de
version latine. Deuxièmes prix de dictée et d’analyse. Premiers
accessits de grammaire française, de grammaire latine et d’histoire.
Deuxièmes accessits de thème latin, d’anglais, de devoirs et leçons.
Il n’était pas rare que les trois ou quatre premiers d’une classe
raflent une grande partie des prix. En 1953-1954, pour cette classe, les
deux prix de catéchisme sont allés à Joseph Saint-Pierre et à Lévis
Belzile. Les deux prix de mathématiques sont allés à Louis-Germain
Lévesque et à Raymond Côté.
D’autres premiers prix ont été obtenus : diction (Raymond Côté), dictée
(René Dionne), chant (Georges-Noël Fortin) ; de même, d’autres deuxièmes
prix : composition française (Raymond Côté), grammaire latine (Romain
Rousseau), thème latin (René Boisvert), anglais (Jacques Bujold),
sciences (Georges-Noël Fortin), sans compter 12 accessits.
Lors de la cérémonie de distribution des prix qui se déroulait dans
l’auditorium du Séminaire (aujourd’hui salle Georges-Beaulieu du Cégep),
chaque élève concerné était invité à monter sur la scène où on énonçait
ses distinctions. Les plus méritants recevaient de trois à dix livres.
En 1953-1954, il y avait 15 groupes-classes au Séminaire. Imaginez la
patience qu’il fallait avoir pour entendre ce palmarès.
Toutefois, notre attention était très grande quand arrivait notre classe
car nous ne savions pas qui étaient les heureux nommés. « Peut-être,
aurais-je un prix ? » se disait-on. |
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3180
28 octobre 2016
Robert Michaud (1916-2011)
Demain le 29
octobre, c’est le centième anniversaire de naissance de l’abbé Robert
Michaud dont la paroisse natale est L’Isle-Verte.
L’abbé Robert
Michaud a été directeur des élèves au Séminaire de Rimouski de septembre
1954 à juin 1957. Dès son entrée en fonction, il a mis l’accent sur les
activités socio-culturelles et sportives. Reconnu pour sa jovialité, il
n’hésitait pas à faire confiance. Il fit des ententes de services avec
la ville de Rimouski pour que les élèves aient accès au Colisée de même qu’au gymnase et autres locaux du
Centre des Loisirs de Rimouski, édifice situé derrière le Séminaire.
En novembre
1954, il décida d’ouvrir un dossier pour chacun des élèves. Auparavant,
tout était inscrit dans des grands livres : les notes de conduite et
d’assiduité au travail de même que les résultats scolaires. Il me
contacta pour que j’inscrive sur chaque chemise le nom des élèves, soit
un peu plus de 500. Il prétexta que j’avais une belle écriture.
Peut-être que c’était vrai à l’époque, mais aujourd’hui cela a beaucoup
changé. Pendant quelques jours de congé, je me suis attelé à cette
tâche. Quand le Séminaire a fermé ses portes en 1968, le classeur
contenait encore les mêmes dossiers.
J’ai eu
l’occasion d’entrer en relation avec l’abbé Michaud à quelques
occasions. Il a été directeur du Cercle missionnaire alors que je
faisais partie de ce groupe dont j’ai été le président en 1960-1961. Il
m’a enseigné l’Écriture sainte au Grand Séminaire. En 1968-1969, alors
qu’il était aumônier au Séminaire, alors école de la Commission scolaire
régionale du Bas-Saint-Laurent, il avait conçu un projet pour que les
élèves se rencontrent le soir. Le Cegep de Rimouski avait accepté de lui
prêter un local sur la rue Sainte-Marie. Ce lieu de rencontres fut
appelé La meunerie.
Malheureusement, le site ferma ses portes quand il y eut un vol dans la
petite caisse. Ce fut très douloureux pour lui étant donné la confiance
qu’il témoignait envers les élèves.
Dans le site
du diocèse de Rimouski, on peut lire : « Robert Michaud a été nommé
professeur émérite et écrivain résident à l’Université du Québec à
Rimouski (UQAR) en 1982 ; il a reçu le prix Arthur-Buies du Salon du
livre de Rimouski en 1985 et le prix Esdras-Minville des Loisirs
scientifiques de l’Est du Québec et de Radio-Québec en 1986 ; il a été
fait membre de l’Ordre du Canada en 2000. […] L’abbé Michaud a aussi
publié neuf volumes sur l’Ancien Testament, dont cinq traduits en
italien, espagnol ou portugais, et sept livres sur l’histoire
régionale. »
En ce centième anniversaire, il me
semble opportun d’avoir une pensée pour cet homme qui est reconnu
mondialement à titre de spécialiste de la Bible, lui qui a écrit plus de
2600 pages sur le sujet. Il a aussi écrit plus de 1300 pages sur
l’histoire de L’Isle-Verte. Un bel héritage. |
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3140
12 octobre 2016
La
meunerie
En 1938, l'Office de recherches
économiques du Québec a publié le rapport d’un inventaire des ressources
naturelles et industrielles du comté municipal de Rimouski. On y
retrouve notamment des renseignements sur la meunerie du Séminaire.
Voici ce que l’auteur du rapport écrit :
« On relève dans la ville une
seule meunerie appartenant au Séminaire de Rimouski et administrée pour
ce dernier par Monsieur J. A. Ouellet. Cette petite industrie est
établie sur les dépendances du Séminaire depuis environ 25 ans. Elle
fonctionne actuellement 12 mois par année à rendement très irrégulier.
En 1937, on y a produit 20 000 livres de farine et 700 000 livres de
moulée.
Cette meunerie est exploitée pour
les besoins des cultivateurs de la région. Le Séminaire garde 10 % des
grains à titre de rétribution. Ce qui reste ainsi à l'administration est
employé en très grande partie soit à la boulangerie du Séminaire pour la
farine, soit à la ferme de l'École d'agriculture pour les moulées ; une
très faible proportion est vendue aux consommateurs locaux. » (Fin du
texte cité)
Le Séminaire n’avait pas le choix de minimiser les
dépenses liées à l’alimentation de ses centaines de bouches bon an mal
an, plus de 1000 dans les années 1950. Le pain que des générations
d’élèves à partir de 1912 ont consommé provenait de grains de blé
transformés dans la meunerie, local situé derrière le Séminaire à l’est
de la buanderie. La farine était pétrie dans la boulangerie du
Séminaire.
Dans le même
ordre d’idées, une bonne partie de la nourriture provenait de l’École
d’agriculture, notamment les œufs, les légumes, le lait et la viande.
Cette école a vu le jour en 1926 et a fermé ses portes en 1969.
La meunerie a
été vendue en 1968, peu avant la vente du Séminaire au Cegep de
Rimouski. |
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3100
26 septembre 2016
Les
Amis du Séminaire
Quand le
Séminaire de Rimouski existait, les frais de pension et de scolarité
demandés aux parents des élèves étaient le plus bas possible.
En 1956-1957, les déboursés pour
les pensionnaires s’élevaient à 425 $. Cela comprenait 20 $ pour
l’inscription, 250 $ pour la pension, 120 $ pour l’instruction, 15 $
pour le lit entretenu et 20
$ pour le lavage du linge.
La plupart des parents n’avaient pas tout
cet argent. Ils se faisaient aider par des bienfaiteurs prêtres et laïcs
qui avaient à cœur l’instruction de la jeunesse. Des bourses étaient
disponibles de la part de l’Archevêché. La cinquantaine de prêtres qui
enseignaient au Séminaire de Rimouski, à cette époque, touchaient de
maigres salaires, soit autour de 400 $ par année alors qu’une
institutrice de campagne gagnait autour de 1200 $. Bien sûr, les prêtres
étaient logés et nourris.
Un organisme a été créé pour permettre au
Séminaire de survivre : l’Œuvre du Séminaire. Cet organisme était appuyé
par l’Association des amis du Séminaire. Chaque année, dans toutes les
paroisses du diocèse de Rimouski, des bénévoles faisaient le tour des
foyers pour vendre des billets à 1 $ chacun. Pour encourager les gens à
ouvrir leur maigre gousset, des prix étaient attribués par tirage au
sort.
Voici ce que rapporte le journal
régional, le Progrès du Golfe,
en date du 22 février 1957 :
« M. Paul Hubert, inspecteur d’écoles régional,
a été choisi président de l’Association des Amis du Séminaire de
Rimouski, lors de l’assemblée générale annuelle de cet organisme. Au
cours de cette réunion, les Amis du Séminaire ont fait l’adjudication
des récompenses aux amis de l’œuvre.
Les cinq premières ont été remises
depuis à M. Marcel Turcot de Cabano, 500 $, à M. Augustin Michaud de
Sainte-Irène de Matapédia, 200 $, et les trois autres de 100 $ chacune à
MM. Pierre Charest de Mont-Joli, Fernand Paradis de
Saint-Jean-de-la-Lande, Témiscouata, et Mlle Marie Gagnon de Bic. Comme
1’an dernier, la paroisse de Notre-Dame du Sacré-Cœur s’est classée
première des localités du diocèse en souscrivant à l’Œuvre du Séminaire
une moyenne de 3 $ par famille. » (Fin du texte cité)
Un simple calcul nous permet de
constater qu’au moins 1000 $ étaient attribués en prix. Ce qui laisse
voir que plusieurs milliers de billets à 1 $ chacun avaient pris
preneur. |
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3070
14 septembre 2016
Amitié particulière de Zéphir
Zéphirin Verreau entra au
Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il avait alors 16 ans. Dans son
journal personnel, il décrit ses relations avec un ami. Ce texte
apparaît dans le livre Zéphirin
Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891.
Zéphir avait plusieurs amis, il en
avait un en particulier à qui il était étroitement uni. Cette amitié
paraît remonter à l'année 1888-1889. Dans son journal, on trouve le
texte suivant :
Samedi, 9 mars 1889
Ce soir, la récréation s'est
écoulée avec rapidité, car j'ai eu une conversation animée avec mon ami.
Durant la promenade nous parlions d'abord de l'amitié et de ses
douceurs. D'où, nous sommes venus à parler de Notre Mère (la Vierge
Marie), centre de notre amitié. Il ne m'avait jamais parlé avec autant
de sincérité et d'affection. Cette conversation si agréable pour les
enfants de Marie se prolongea après la promenade et nos cœurs se
réunirent encore davantage. Heureux ceux qui ont choisi Marie pour le
centre de leur amitié.
25 mars, fête de l'Annonciation.
À la récréation du soir, je marche
avec mon ami et nous nous communiquons les divers sentiments qui nous
ont animés pendant la journée et le chagrin avec lequel nous faisons nos
adieux à cette fête.
30 mars 1889.
Je commence à marcher seul sur le
jeu de balle. Je me rappelle tout-à-coup que c'est samedi soir et je
regrette de ne pas avoir été marcher avec mon ami ; mais un instant
après son compagnon le quitte et il vient marcher avec moi.
6 avril 1889.
Je marche d'abord avec G., puis
vient se joindre à moi mon ami qui ne fait qu'augmenter notre
conversation qui, comme tous les samedis, se tient au sujet de notre
aimable Mère.
11 avril 1889.
Je m'entretiens avec mon ami sur
les douleurs de notre Mère, car c'est demain la fête de Notre-Dame des
Sept-Douleurs.
19 avril, Vendredi Saint.
Promenade avec mon ami. Nous nous
entretenons des douleurs de notre Mère en ce jour au pied de la croix.
11 mai 1889.
Ce soir à la promenade, j'ai pu
converser avec mon ami. Nous constatons avec plaisir que notre affection
pour notre Mère augmente toujours. Oh ! que nous sommes heureux !
L'amitié n'est pas pour les cœurs corrompus. Puissent toujours nos cœurs
unis et serrés l'un contre l'autre être renfermés dans celui de Marie et
comprendre leur bonheur, là, à l'abri de tout danger, loin du tumulte du
monde et de la chair. Aimer notre mère de plus en plus, telle est notre
devise.
1er juin, samedi.
Après souper, j'ai pu converser
avec mon ami sur le lien inséparable qui existe entre la dévotion à
Marie et la dévotion au Sacré-Cœur.
15 juin 1889.
Ce soir, j'ai passé la récréation
avec mon ami, et nous nous sommes entretenus sur la grandeur des vertus
de notre Mère et de la puissance qu'elle a sur le cœur de son divin
Fils.
22 juin 1889.
Ce soir, agréable conversation
avec mon ami sur ce que nous ferons lorsque nous serons sé-parés pour
les vacances.
Pendant l'année 1888-1989, Zéphir
ne goûta que des douceurs et des consolations dans une amitié toute
franche ayant pour mobile l'amour de Marie. Toutefois sa mère si
prudente, à la vue de cette amitié si forte et si vive, ou plutôt
agissant sous la direction de la sainte Providence, exposa à son
vénérable curé les quelques légères appréhensions qu'elle avait sur
cette liaison. Celui-ci en parla à Zéphir. Dès lors, Zéphir alla
beaucoup moins souvent avec son ami ; au témoignage de celui-ci, il se
soumit avec résignation et bon vouloir. Cette amitié n'avait d'autre
principe ni d'autre fin que l'amour de Marie, et l'ami de Zéphir déclara
qu'il lui devait certainement son salut. (Fin du texte cité) |
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#
3030
29 août 2016
Implications de Zéphirin Verreau
Dès son entrée au Séminaire de
Rimouski, Zéphirin Verreau s’est impliqué dans différentes associations.
On en retrouve des traces dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici un extrait :
« Zéphir aimait cette vie de
collège. Il se plaisait à en décrire les charmes dans son journal et à y
insérer cette foule de petits faits et de petits détails qui sont
propres à la vie d'écolier.
Ses relations avec ses confrères
furent toujours des plus cordiales ; sa grande bonté, son humeur
joviale, son caractère franc et ouvert le firent estimer de tous. […] Il
fut un véritable apôtre du bien, ayant toujours à cœur le maintien du
bon ordre, sachant donner un bon conseil, s'efforçant avec le concours
de ses amis de ramener dans le bon chemin ceux qui s'en éloignaient.
Il fut reçu dans la Congrégation
de la sainte Vierge dès l'année de son entrée au séminaire. Au
commencement de l'année 1891-1892, il en était le secrétaire. Le titre
de congréganiste lui était particulièrement cher. Il le disait à ses
confrères. Il mettait ce titre bien au-dessus de tout autre, quelque
honorifique qu'il put être.
Il fut aussi membre de l'Académie
St-Jean. Un petit nombre seulement font partie de cette société et, pour
y être admis, il faut avoir fait preuve d'une certaine capacité
littéraire. Il y fut admis durant son année de Belles-Lettres.
Il appartenait à la société
St-Louis de Gonzague, qui s'occupe principalement d'exercices de
déclamation.
Dans ses classes, Zéphir eut
toujours une bonne place. Dieu lui avait donné d'assez bons talents, et,
comme le bon serviteur de l'Évangile, il sut les faire fructifier par un
travail intelligent et sou- tenu. Il travaillait avec un ordre parfait :
ses devoirs journaliers sous le rapport de la propreté et de l'écriture
peuvent être donnés comme modèles.
Ses professeurs furent toujours
satisfaits de lui : je ne crois pas qu'il ne se soit jamais attiré le
moindre reproche. » (Fin du texte cité) |
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# 2965
17 juillet 2016
Gérard Plourde (1909-1987)
L’abbé Gérard Plourde a passé toute sa vie active au Séminaire de
Rimouski comme infirmier. Il travaillait sous la supervision d’un
médecin, dont pendant plusieurs années Jacques Ringuet, le père de
Michel Ringuet, ancien recteur de l’UQAR.
Dans sa biographie publiée sur le site du diocèse de Rimouski, on ne
mentionne pas qu’il ait fait des études en soins infirmiers. Après son
ordination en 1936, il fut nommé au Séminaire.
« En
raison de sa constitution plutôt délicate », on
lui assigna le poste d’infirmier. Son biographe dit que
« sa santé ne lui permettant pas de tenter par la suite un autre
ministère, il demeura lui-même 34 ans à ce poste, soit jusqu'à la prise
de sa retraite en 1970 ».
Au
Séminaire, dans les années 1950, quand on avait des malaises passagers,
le moment privilégié pour se rendre à l’infirmerie était au début
de l’étude du soir. Il n’était pas rare de voir des files d’élèves,
surtout les plus jeunes, attendre de recevoir des soins de M. Plourde.
Pour les maux de gorge, son intervention la plus courante était de
passer la « moppe ». En québécois, la moppe, qui provient du mot anglais
mop, est un torchon fixé à une manche pour laver les planchers. La moppe
de l’abbé Plourde était constituée d’une tige de bois portant à une
extrémité une boule d’ouate. Après avoir trempé la ouate dans un liquide
brun rougeâtre, il n’avait qu’à gargariser la gorge. C’était souvent un
placebo.
Les élèves lui avaient donné comme surnom Fatima. D’où vient ce
sobriquet ? On peut penser que c’était en raison de sa très grande
ferveur envers la Vierge Marie. En 1917, à six reprises, cette dernière
serait apparue à trois enfants à Fatima, petit village du centre du
Portugal. On désignait
alors la Vierge Marie comme Notre-Dame de Fatima.
Cette hypothèse me semble très plausible. En effet, quand je faisais des
séjours à l’infirmerie, après la sieste de l’après-midi, l’abbé Plourde
récitait le chapelet avec nous, parfois les bras en croix. Il récitait
le Je vous salue Marie avec
beaucoup de conviction. Entre les dizaines, il parlait longuement de la
Vierge Marie comme étant la mère de Dieu et nous incitait à la dévotion
à son égard.
On m’a raconté qu’un jour un jeune, à qui on avait fait croire que son
vrai nom était Fatima, l’avait remercié de ses services en disant :
« Merci, monsieur Fatima. » Est-ce une forme de naïveté ou une insolence
orchestrée ? Je ne le sais pas.
Lors de ses petits sermons à l’infirmerie, un jour, l’abbé Plourde avait
tenu des propos sur le jazz pendant au moins cinq minutes. Il a décrit
ce genre musical originaire du sud des États-Unis comme un élément de
perdition. Les qualificatifs employés étaient très durs et laissaient
croire à une menace sérieuse de perte du salut éternel pour ceux qui
écoutaient cette musique. J’étais troublé. Je ne connaissais pas le
jazz, mais je me demandais en quoi cette musique pouvait être néfaste à
l’âme.
Son biographe écrit que l’abbé Plourde « n'était pas habilité à donner
les injections de la médecine ». Pourtant, quand j’ai contracté la
grippe asiatique en 1957, il me donna une piqûre dans une fesse. Il a
lancé l’aiguille avec un tel élan et une telle force que j’ai craint,
pendant un instant, que la vilaine me transperce le corps. Maladresse de
sa part ou manque de confiance en lui de ma part, la piqûre me fit
extrêmement mal.
Dans la chapelle du Séminaire, il y avait six autels collatéraux : trois
de chaque côté. Au moins durant une année scolaire, l’abbé Plourde
disait sa messe sur un de ses autels pendant que le directeur des élèves
faisait de même en avant pour l’ensemble des élèves. Souvent, je jetais
un coup d’œil de côté vers l’abbé Plourde. De par ses gestes lents et un
fort sentiment de ferveur qui se dégageait, j’avais l’impression qu’il
flottait dans les airs, qu’il lévitait.
Au milieu des années 1970, vers 21 heures, j’étais dans un restaurant de
Rimouski quand je vis arriver l’abbé Plourde avec un groupe de
charismatiques. Il était revêtu de sa soutane et portait le signe
distinctif de ce mouvement. Il semble qu’il en a été un membre actif
pendant longtemps.
Je me suis souvent demandé comment les prêtres professeurs du Séminaire
percevaient l’abbé Plourde en raison de sa tâche. En revanche, j’aurais
aimé savoir comment lui-même se situait par rapport aux autres prêtres
qui souvent avaient une scolarité supérieure à la sienne. Son biographe
répond en partie à cette interrogation en écrivant : « On pourrait
croire que l'abbé Gérard Plourde eut à souffrir de devoir consacrer
toute son activité sacerdotale au soin des malades et qu'il regrettait
de ne pouvoir, comme la généralité des prêtres, se livrer à d'autres
formes de ministère. Mais il n'en fut rien : il lui suffisait de savoir
qu'il faisait la volonté divine en accomplissant la tâche que
l'obéissance lui assignait. »
(La photo appartient au diocèse de Rimouski.) |
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# 2920
29 juin 2016
Les
sentiers de la volupté
Dans
l’histoire de l’humanité, la période qui me fascine le plus est celle du
Moyen Âge. Il y a près de 20 ans, j’ai eu l’occasion de lire un roman de
Rodrigue Lavoie, un confrère de classe au Séminaire de Rimouski. J’ai
adoré ce roman de 388 pages dont le titre est
Les sentiers de la volupté. Il
a été publié
par Les
éditions du Septentrion en 1995.
Rodrigue, un
historien, a fait sa carrière à l’Université Laval en tant que
spécialiste de l’époque médiévale et de l’histoire de la sexualité.
Martin
Bérubé, un autre confrère, a fait une critique de ce roman. Cet article
a été publié en avril 1997 dans un « petit journal » diffusé à l’époque
à l’intention des confrères du Séminaire. Je me permets de citer des
extraits de ce texte. Le titre de la critique est
Les sentiers de la volupté, un
plaisir à lire.
« J'ai lu
avec beaucoup d'intérêt le roman écrit par notre confrère Rodrigue
Lavoie. Il est identifié comme un roman de mœurs médiévales et il n'est
point besoin d'en lire plusieurs pages pour être d'accord avec cette
définition.
En fait, tout
est occasion pour décrire les mœurs de cette époque et les personnages
bien campés dans leur métier respectif. Leurs valeurs et leurs habitudes
de vie se prêtent bien à cette description : ils la suscitent.
Voyons de
plus près :
- Bertrand
Maurel dans son métier de commerçant et ses différentes façons
successives de vivre le mariage avec ses trois Jeanne.
- Pierre,
fils de Maurel, qui, subissant un mariage d'affaires tramé par les
parents avec la Giraude, vit le grand amour avec Mathilde Payen,
l’héroïne du roman, tout en étant un fidèle (!) client de la "Chatte".
- Atanoul, le
juriste, qui nous décrit les mœurs de la justice de l’époque avec moult
exemples.
- Astruge, la
jeune veuve, campée dans son veuvage jusqu'à ce que Mathilde et elle se
laissent aller ensemble, l’occasion faisant le larron.
- sans
oublier la Giraude et son père Gauthier, commerçant lui aussi, la
Bertrande, etc.
Dans ces
quelques 380 pages, l’auteur nous donne l’occasion de connaître les
valeurs et le vécu des années 1250 à 1350 au sujet du mariage, de la vie
de couple, du commerce, de la justice, de la religion, des stratégies du
temps, de l’ouverture d'esprit, etc.
Malgré la
situation de l’histoire de ce roman au Moyen Âge, le texte est dans un
français du 20e siècle à part quelques termes propres à cette
époque que l’auteur nous explique dans un lexique en fin de volume. Mais
lorsqu'on constate que ce lexique ne contient que 11 mots, on ne peut
accuser l’auteur d'avoir fait un abus du langage d'époque.
En prenant
connaissance des usages et coutumes du temps qui y sont décrits, on peut
souvent se dire « Nihil novi sub sole ». (Il n’y rien de nouveau sous le
soleil).
J’ai pris
plaisir à lire ce roman : l’action est soutenue, la rétroaction bien
utilisée, le dialogue vivant, le qualificatif bien placé. L’auteur a eu
le tour d’insérer ses portraits de mœurs plus dans le dialogue et dans
l’action que dans de longs paragraphes descriptifs. Et l’histoire
racontée, qui a sa part de vérité paraît-il (mettrait-on en doute ce
prof. d’histoire médiévale !) est intéressante, bien structurée, juteuse
à l’occasion. » (Fin du texte cité) |
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# 2880
13 juin 2016
Trois prêtres décédés
Depuis le
début de 2016, trois prêtres sont décédés dans le diocèse de Rimouski.
Tous trois ont été des éducateurs et m’ont enseigné à un moment ou à un
autre.
■ Martin Proulx, décédé le 13 février 2016, à l’âge de 91 ans
Il a notamment été maître de salle
et professeur au Séminaire de Rimouski (1950-1968), puis professeur à
l’école Paul-Hubert, toujours à Rimouski (1968-1971). Il a vécu la
fermeture du Séminaire et a dû accepter des conditions de travail plus
difficiles dans une commission scolaire.
Il m’a enseigné le français,
l’arithmétique et l’histoire en 1953-1954, alors que j’étais en Éléments
latins au Séminaire de Rimouski.
■ Jean Drapeau, décédé le 22 février 2016,
à l’âge de 85 ans
Il a obtenu
son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles
Vigneau. Il a notamment été professeur au Grand Séminaire de Rimouski
(1954-1969). Il a vécu la fermeture du Grand Séminaire. Il a alors
enseigné à l’UQAR qui offrait dorénavant la formation en théologie. Il a
aussi enseigné à l’École
normale Tanguay, puis à d’autres universités.
Il m’a
enseigné la théologie dogmatique au Grand Séminaire de Rimouski. Il
donnait tout son cours en langue latine.
■ Jean-Guy Nadeau, décédé le 25 mars 2016 à l’âge de 85 ans
Il a obtenu
son baccalauréat ès arts en 1950. Il était un confrère de Gilles
Vigneau. Il a œuvré au Séminaire de Rimouski de 1954 à 1965, comme
maître de salle, professeur de littérature et directeur des études au
cours collégial. Il a vécu l’abandon du collégial par le Séminaire de
Rimouski, qui est dorénavant offert par le CEGEP. Il fut premier
directeur général de la Commission scolaire régionale du
Bas-Saint-Laurent (1965-1967), puis premier directeur général du Cégep
de Rimouski (1967-1970). Pendant 13 ans, il enseigna la littérature à
l’UQAR. Il fut membre de plusieurs commissions et fut honoré de nombreux
prix.
Il m’a
enseigné le grec en 1955-1956 alors que j’étais en Méthode au Séminaire
de Rimouski.
Il y a une
certaine similitude entre les carrières de ces trois éducateurs. Ils ont
tous vécu des changements majeurs au sein de la structure scolaire. Le
premier au secondaire, le deuxième à l’université et le troisième au
collégial. |
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# 2830
24 mai 2016
Zéphirin Verreau au primaire
Zéphirin Verreau fait ses études
primaires dans son village natal, Baie-des-Sables et entra plus tard au
Séminaire de Rimouski. Dans son journal personnel, il décrit la vie de
tous les jours. Ce texte apparaît dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’on y
trouve d’après son journal :
Lorsqu'il avait huit à neuf ans,
sa mère était souvent malade. En plusieurs circonstances, il fallait
veiller auprès d'elle la nuit. Le petit Zéphir voulut veiller à son
tour. Douze ans après, il écrivait ce souvenir : « Aussi longtemps ma
mère restait au lit, aussi longtemps mon petit cœur était malade et
ressentait les plus cruelles douleurs à la vue de celle que j'aimais
tant. »
À sept ans, il commença à servir
la messe tous les jours, pieux office qu'il remplit presque tout le
temps jusqu'à sa mort. « À l'autel, dit son curé, il avait plutôt la
tenue d'un ange que celle d'un enfant : l'air grave sans avoir l'air
guindé, il faisait toutes les cérémonies avec une dignité, une précision
et une piété vraiment remarquable. Sa mise était simple, mais tout en
lui respirait une propreté exquise, des idées d'ordre et surtout une
grande élévation de sentiments. On sentait en l'approchant que l'enfant
respirait dans une atmosphère de piété peu commune.
Au catéchisme, sa piété l'éclaira
et suppléa parfois à ses talents. Ses réponses, sans être toujours
parfaitement exactes, n'étaient jamais dénuées de sens. Que dire de la
ferveur avec laquelle il fît sa retraite et s'approcha de la Table
Sainte pour la première fois.
À partir de cette époque sa piété
plus éclairée devint aussi plus remarquable aux yeux de tous. Qui ne l'a
point vu un dimanche après-midi, vers la tombée du jour, agenouillé à
l'autel de Marie ou parcourant avec la plus grande piété les stations du
Chemin de la Croix, seul ou avec ses compagnons, dont plusieurs sont
maintenant de saints religieux.
À dater de sa première communion,
il s'approcha régulièrement des sacrements tous les quinze jours ou
toutes les trois semaines et il ne cessa jamais d'être un sujet
d'édification pour sa famille et ses compagnons. Il fréquenta encore
l'école quelques années.
À l'âge de douze ou treize ans, il
servit comme commis dans un magasin de l'Assomption (Baie-des-Sables)
pendant un an.
Son père était cordonnier. Il
fallait un travail constant pour faire subsister la famille, qui se
composait du père, de la mère et de quatre enfants. Zéphir travailla
avec son père. Il avait une très forte répugnance pour ce travail qui le
fatiguait beaucoup, cependant l'amour de sa « chère petite famille » lui
donnait des forces pour s'y livrer avec courage et persévérance.
Après la prière en famille, il
disait son chapelet et faisait de longues prières. Souvent, sa mère
s'éveillait et le trouvait encore en prière. Alors, elle lui disait
d'aller se reposer et il obéissait aussitôt.
Ces détails qui font bien voir
l'amour dont son cœur brûlait pour Dieu, sa mère seule les connut. Les
amis mêmes qu'il eut plus tard et à qui il ouvrit son âme ont reconnu
qu'ils ne l'avaient pas assez admiré, qu'ils avaient été plutôt l'objet
de sa charité que les témoins de ses vertus.
Tout en se livrant à un travail
manuel, Zéphir ne négligea rien pour s'instruire, espérant sans doute
pouvoir un jour faire des études. Une dame charitable, amie de la
famille, lui enseigna les éléments de la langue anglaise. Tout en
travaillant assidûment avec ses parents, il souffrait beaucoup ; souvent
on voyait de grosses larmes couler sur ses joues. Son père comprit bien
la cause de ses larmes, et confiant dans la Providence qui sait toujours
proportionner les moyens à la fin, il se rendit à ses désirs et lui
permit d'assister aux leçons que le bon curé de l'Assomption donnait
déjà à quelques enfants qui se préparaient à entrer au Séminaire.
« Le 2 novembre après-midi, dit
son curé, Zéphirin transfiguré, arrive à la classe avec ses compagnons.
Sa figure est toute rayonnante. Depuis quelques mois surtout, sa figure
portait une teinte de mélancolie causée par les souffrances morales, que
l'enfant supportait chrétiennement, mais qui se trahissaient malgré lui
au dehors. J'en fus heureux, car depuis longtemps j'avais remarqué en
cet enfant quelque chose d'extraordinaire. Je croyais y voir des signes
évidents de vocation au sacerdoce ou à la vie religieuse." Il étudia
ainsi pendant six mois.
Grâce à cette application, à son
travail éclairé d'ailleurs par la grâce, lorsqu'il entra au Séminaire de
Rimouski au mois de septembre 1887, il fut jugé capable de faire ses
Humanités.
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# 2785
5 mai 2016 Le petit monde du Séminaire
Zéphirin Verreau entra au Séminaire de Rimouski en septembre 1887. Il
avait alors 16 ans. Dans son journal personnel, il décrit la vie du
Séminaire. Ce texte apparaît dans le livre
Zéphirin Verreau, élève du
Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891. Voici ce qu’il
écrit :
« Le séminaire est un petit monde à part, ayant ses lois et ses
coutumes. De fait on y retrouve en miniature ce que l'on voit dans les
grandes sociétés.
Il y a dans ce peuple écolier de grandes divisions : les pensionnaires,
les externes, le cours classique, le cours commercial, qui sont comme
autant de castes, de tribus distinctes. Dans ces tribus il y a des
familles : les différentes classes, dont les membres sont étroitement
unis entre eux.
Il y a des officiers publics : le doyen d'abord, qui est le plus ancien
élève de la plus haute classe. Chaque classe a aussi son doyen qui comme
tel est toujours entouré d'une certaine considération ; puis les
présidents et les autres officiers des différentes associations qui sont
presque innombrables : associations religieuses, littéraires,
scientifiques, sociétés musicales, corps militaires, sociétés de jeux de
toutes sortes : jeux de paume, de balle, de ballon, de croquet, etc.,
sociétés de promenades à la raquette et de patin durant l'hiver, etc.
Il y a un code de lois qui est le règlement de l'institution. En dehors
de ce règlement il y a des traditions et des coutumes.
On trouve dans ce petit monde des illustrations dans les différentes
branches : il y a des philosophes, des orateurs, des écrivains, des
musiciens, des célébrités dans les différents jeux, etc. On en rencontre
un certain nombre qui ont de l'influence sur leurs confrères, dont la
parole fait autorité, qui imposent leur manière de voir, d'autres qui
ont le don de l'intrigue, d'autres à qui la fortune semble toujours
contraire. On y trouve un mélange de tous les caractères : des esprits
nobles, amateurs de la paix, des esprits droits, parfois aussi des
esprits violents, turbulents, égoïstes, à charge à leurs confrères.
Il y a aussi une opinion publique, ce tribunal qui s'enquiert et qui juge un peu de tout. Et j'ajouterai qu'il faut s'en méfier, car le peuple écolier est perspicace et observateur : rien ne lui échappe, les petits défauts et les petits travers moins que toute autre chose. Heureux si en cela il savait toujours rester dans de justes limites et ne jamais outrepasser les règles de la charité chrétienne. » (Fin du texte cité) |
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# 2720 2 avril 2016 Zéphirin
Verreau : son enfance S’il est un élève qui
a marqué la vie du Séminaire de Rimouski à la fin du 19e
siècle, c’est le jeune Zéphirin Verreau. Cela est dû en grande partie à
sa dévotion sans bornes envers la Vierge Marie, à son journal personnel
et à sa mort prématurée. Trois ans après sa
mort, soit en 1894, l’imprimeur C. Darveau a publié sa biographie
d’après son journal et ses lettres. En mai 1894, l’évêque de Rimouski,
Monseigneur André-Albert Blais a écrit : « Nous avons fait examiner le
manuscrit intitulé : Zéphirin
Verreau, élève du Séminaire de Rimouski, décédé le 7 décembre 1891,
et ayant jugé que l'histoire de la vie si courte mais si bien remplie de
ce jeune homme pourrait contribuer à faire aimer davantage la religion
et la vertu, nous en permettons l'impression et en recommandons la
lecture aux fidèles de notre diocèse, aux élèves de notre séminaire plus
particulièrement. » Les textes en guillemets qui suivent sont tirés de
ce livre. Zéphirin est né le 9
février 1871 à l’Assomption de McNider, aujourd’hui paroisse de
Baie-des-Sables. Il était le fils de Jean Chrysostome Verreau et de
Marie Langlois. On l’appelait
communément Zéphir. Son biographe écrit : « Ce surnom lui convenait
admirablement bien : on retrouvait en lui l'agréable douceur du zéphir.
Sa figure empreinte d'une candeur angélique exprimait la bonté ; le
léger sourire qui errait constamment sur ses lèvres rappelait le zéphir
de mai agitant les feuilles des arbres et faisant éclore les fleurs. » « Dès l'âge de deux à trois ans, sa mère lui
apprit à prier, et, dit-elle, depuis ce temps jusqu'à ce qu'il put prier
seul, il ne manquait jamais de me remercier et de m'embrasser quand il
avait fini sa prière. Il a toujours été, ajoute-t-elle, d'une piété
angélique. » « Lorsqu'il n'avait encore que trois ans,
souvent sa mère le trouvait dans sa chambre, agenouillé avec un petit
compagnon au pied des images des Saints Cœurs de Jésus et de Marie ; les
mains jointes et les yeux au ciel, il répétait les prières qu'il savait.
Dès qu'il put comprendre la manière de dire le chapelet, il se mit à le
réciter, et pas un jour de sa vie il ne manqua à cette pratique. » « On ne voyait pas chez lui cet égoïsme naturel
à presque tous les enfants. Avait-il des friandises, des joujoux, il
fallait partager avec ses frères et sœurs, avec sa mère surtout. Au
souvenir de sa mère, il n'eut jamais le moindre différend avec ses
frères et sœurs. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, c'était à lui
toujours qu'il attribuait le tort, et cela non seulement dans sa famille
mais encore avec ses petits compagnons de jeu et d'école. » « Lorsque venait le carême, il mettait de côté
son petit traîneau pour faire pénitence. Il savait déjà que le sacrifice
est la vie du chrétien. Il aimait à raconter dans son journal les
souvenirs de son enfance. Ce sont avec sa mère des conversations intimes
où elle lui apprend à faire le bien ; elle lui enseigne en particulier
l'exercice de la présence de Dieu. Ce sont des promenades par les beaux
jours de l'été où elle lui apprend à remercier Dieu d'avoir fait le
firmament si beau, le vent si frais, les champs si beaux, d'avoir donné
une si belle voix aux oiseaux. − Un point, dit-il, sur lequel ma mère tenait
surtout à m'instruire : c'était la connaissance de Dieu et de ses
perfections. » « Tous les jours, écrit-il encore, ma mère
trouvait de nouveaux moyens de nous rendre agréable et attrayante
l'étude de nos devoirs religieux : le récit d'un fait, une petite
histoire, un exemple frappant étaient autant de moyens dont elle se
servait habilement pour inculquer dans nos jeunes cœurs l'amour de la
vertu et la haine du vice, sachant mêler l'utile à l'agréable. » |
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# 2675 11 mars 2016 Marcel Rioux (1919-1992)
Au Séminaire de Rimouski, la vie dans les
années 1930 semble légèrement différente que celle des années 1950. En
1981, Jules Duchastel a écrit un livre publié aux éditions Nouvelle
Optique dont le titre est Marcel
Rioux. Entre l’utopie et la raison. Voici un extrait de ce livre :
« En 1931,
l’année de la « grande déprime », Rioux entre comme pensionnaire au
séminaire de Rimouski. C’est sa mère qui réussit à le faire accepter,
avec l’aide morale du curé du village. Il s’agit là de la première
coupure avec sa famille et son village, où il ne retournera qu’à Noël et
aux grandes vacances. Une toute autre vie commence pour lui : entouré de
jeunes privilégiés ou de fils de la terre choisis par leur curé de
village pour accéder au sacerdoce, il se trouve plongé dans un milieu
clérical qu’il rejette très tôt, mais aussi initié à la vie
intellectuelle plus ou moins malgré lui. Ce qui marque Rioux, c’est
d’abord le passage de la campagne à la ville. Rimouski est une petite
ville, mais le séminaire accueille des gens venus d’aussi loin que
Québec. Ce sont ceux-ci qui le fascinent. Il s’agit souvent d’élèves
renvoyés de leur collège et que les séminaires de province acceptent de
rescaper. Rioux se lie avec les frères Barrette et un certain Paillard,
tous de joyeux garnements. Ils fondent ensemble « l’ordre de la
sapinière » couverture pour « la ligue léniniste » qu’ils n’osent pas
appeler comme telle. Cette ligue léniniste n’a pas grand chose à faire
avec une quelconque pensée politique élaborée. La révolution a eu lieu
en URSS, ils connaissent Lénine. Mais là s’arrête leur politisation.
Leurs activités plus ou moins secrètes consistent à « snoffer » du tabac
à priser, à empêcher les compagnons d’aller communier à la messe, à se
raconter des histoires de femmes. Paillard y ajoute une touche
communiste en faisant état de ses courtes connaissances en la matière.
Cette « ligue léniniste » était en fait une réponse à la provocation de
ce milieu fermé, gorgé de cléricalisme au point où ils en faisaient une
indigestion, se rappelle Rioux. Certains vont jusqu’à inventer toutes
sortes d’actions blasphématoires. Sa révolte
contre la religion est d’autant plus radicale qu’il a été victime d’un
assaut sexuel de la part d’un religieux. C’est à ce moment que naît son
athéisme. Tout en provoquant le scandale chez lui, cet événement lui
permet d’expérimenter son premier rapport de force. En effet, il refuse
de témoigner au procès ecclésiastique intenté à ce religieux (surnommé
le « rat ») suite à de nombreuses plaintes. Il préfère ainsi garder
barre sur lui pour les années que dure le procès. L’institution fait
traîner à souhait ce genre d’affaire pour ne pas accréditer les rumeurs
qui circulent. Mais une justice « naturelle » se manifeste tout de même.
Un jour où il y a une panne d’électricité à la chapelle, certains
étudiants « lapident » littéralement le « rat » avec leurs missels.
Voilà un exemple de révolte spontanée contre le carcan très fort des
collèges classiques et le cléricalisme. Si cette
époque du collège est celle de la grande crise économique, Rioux n’en
éprouve pas vraiment les effets au séminaire, milieu tourné vers l’ère
des classiques, et où la réalité contemporaine a peu de prise. Il n’a
évidemment pas beaucoup d’argent de poche : il ne reçoit que 25 sous par
mois pour se faire couper les cheveux. Autant dire qu’il a le plus
souvent les cheveux longs. La crise se
manifeste davantage au village d’Amqui. Ses parents, quoiqu’ils s’en
tirent assez bien doivent faire face à la révolte des habitants des
colonies. Ceux-ci, complètement démunis, viennent dévaliser les
marchands d’Amqui. Son père et d’autres marchands doivent se munir d’un
revolver et engager un garde pendant un certain temps. Malgré cela, les
rapports entre le marchand général et les habitants n’en sont pas
vraiment affectés. Il a toujours valorisé le travail manuel. Il fait
crédit. Au pire, il doit réduire quelquefois l’ampleur de celui-ci.
Quand un habitant en souffrance de dettes demande trois « baloneys », il
dit au commis : « Mets-lui en deux! » Son esprit communautaire comprend
la pauvreté. Et comme son commerce s’exerce surtout avec les habitants,
les échanges prennent souvent la forme du troc. Ainsi, contre des
produits qu’ils ne peuvent fabriquer, les habitants échangent des
cochons, des vaches. Par la suite, le marchand général les revend aux
hôteliers, aux professionnels et aux travailleurs. Durant la période de son cours classique, Rioux retourne à Amqui pour les vacances d’été. Il partage son temps entre le travail au magasin avec son père, et ses relations avec les enfants des professionnels du village. D’une part, il garde le contact avec son milieu d’origine et y prend grand plaisir. Il aime faire la tournée des rangs avec son père, tout autant que l’atmosphère chaleureuse du magasin général. D’autre part, des pratiques de citadin commencent à s’intégrer chez lui. Il fait beaucoup de sport, fréquente les jeunes filles. Avec des copains de collège, il fait la connaissance des « mauvaises filles », revenues de la ville pour passer les vacances d’été dans leur famille. Marcel Rioux se plaît à évoquer aujourd’hui ses premières fréquentations avec la fille d’un ingénieur écossais, qui épousa par la suite un directeur de compagnie multinationale. » (Fin du texte cité) |
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# 2625 13 février 2016 Le bocage
du Séminaire Du temps qu’il existait comme institution, le
Séminaire de Rimouski avait aménagé un boisé sur la terre de l’école
d’Agriculture. Ce boisé, appelé Bocage, avait son origine un peu au sud
du Grand Séminaire, mais à l’ouest. Il se terminait où est aujourd’hui
la deuxième rue Ouest. Dans ce boisé, il y avait des sentiers et des
marécages. L’endroit était parfois visité par des écoliers pour de
courtes excursions, des pique-nique ou des activités diverses. Par
exemple, le 22 juillet 1934, les scouts de la troupe du Séminaire s’y
déplaçaient pour faire leurs promesses solennelles. Tout au sud du boisé, on avait érigé une
chapelle qui fut bénie le 27 septembre 1923. Dans un lopin de terre
autour de la chapelle, un cimetière fut aménagé pour y déposer les corps
des prêtres du Séminaire. J’ai visité ce cimetière pour la première fois
à l’automne 1953 lors du décès d’un prêtre retraité du Séminaire dont
j’ai oublié le nom. De temps à autre, j’allais visiter le cimetière
pour me recueillir et me souvenir de prêtres qui avaient consacré leur
vie à l’éducation de jeunes comme moi. Vers 1984 ou 1985, je faisais une
randonnée à bicyclette et en passant sur la deuxième rue, je pensai
faire un détour pour visiter le cimetière. J’ai été estomaqué de
constater que la plupart des stèles étaient soit renversées soit
réduites en morceaux. J’avais la gorge nouée. Je ne pouvais pas
comprendre la motivation des auteurs de ce désordre. Un manque de respect
évident envers les morts, mais aussi envers la vie. Devant cette situation, la Corporation du
Séminaire a décidé de fermer le cimetière. Au total, 58 corps furent
exhumés et déménagés au cimetière Saint-Germain de Rimouski en octobre
1985. La chapelle fut démolie. Le Bocage fut vendu pour laisser place à
des développements résidentiels et commerciaux. Pendant longtemps, l’abbé André-Albert
Dechamplain aura assuré la garde du Bocage.
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# 2570
20
janvier 2016
Éléments-latins (1953-1954) Le 8 septembre 1953 est une journée mémorable
pour 158 jeunes de 11 à 15 ans provenant principalement du diocèse de
Rimouski : c’est la rentrée au Séminaire de Rimouski pour ces nouveaux
élèves dont je suis. Dès les premiers jours, je réalise rapidement qu’il
y a deux mondes au Séminaire : le pensionnat et les classes. 1. Le
pensionnat Il faut d’abord connaître les locaux. Le plus
important est de situer les toilettes. Il y a deux salles dont l’une
avec des urinoirs séparés par de larges panneaux. C’est la première fois
que je vois des urinoirs. Au rez-de-chaussée, à l’est, on retrouve la
salle de récréation. Au-dessus, c’est la salle d’études avec ces 240
bureaux. Plus haut, ce sont les classes et les dortoirs. Le repas vient vite. Il faut se rendre à la
cafétéria qui est au centre du rez-de-chaussée pour les Grands et les
Petits. La cafétéria est là pour la nourriture du corps. Au-dessus,
c’est la salle académique pour la nourriture de l’esprit et toujours
au-dessus, c’est la chapelle, pour la nourriture de l’âme. Voilà notre
« terrain de jeux ». Il faut s’habituer aux cinq maîtres de salle qui
nous surveillent constamment. L’un parle fort et a l’air imposant ; un
autre est timide, du moins au début ; un autre est enclin à communiquer
avec nous ; un autre a des yeux perçants qui semblent tout voir ; un
autre se demande bien ce qu’il fait là. Ils ont chacun leur façon de
faire et leur tempérament propre. Pour un jeune de 12 ans comme moi qui
n’a jamais connu un encadrement strict à l’école, je n’ai pas l’habitude
d’une surveillance constante et c’est très impressionnant. Il faut aussi apprendre à apprivoiser le
règlement. Le silence est de rigueur partout, sauf à la salle de
récréation et dans la cour. Les rappels à l’ordre sont nombreux et ne
sont pas toujours communiqués avec diplomatie. 2. Les
classes Pour moi, le début des classes est un choc. Je
me rends compte rapidement que je n’ai pas les prérequis nécessaires en
termes de connaissances et d’habiletés. Je n’ai jamais suivi un cours si
ce n’est quand j’ai marché au catéchisme. À l’école, comme j’ai presque
toujours été seul dans mon degré, je travaillais à mon rythme.
J’exécutais dans mon cahier les travaux suggérés par l’institutrice. Là,
il y a un professeur en avant de la classe qui peut parler pendant 50
minutes et qui a des connaissances poussées. Je n’arrive à me concentrer
pendant tout ce temps et je décroche.
En latin, la
déclinaison de rosa est au programme. Si on dit : la rose est belle, on traduit par
rosa. Si on dit : le jardin de
la rose, on traduit par rosae.
Si on dit : j’aime la rose, on traduit par
rosam. Au pluriel, pour les mêmes phrases, on traduit respectivement
par rosae,
rosarum et
rosas. J’ai cité trois déclinaisons, mais il y en a 6 pour le
singulier et 6 pour le pluriel. En anglais, je vis une expérience pénible. En
novembre, le professeur veut vérifier notre connaissance de la
prononciation des lettres en anglais. La question posée, il me pointe du
doigt le premier. Je commence é, bi, ci, di, ... en une prononciation
très approximative. À partir de g, j’émets des sons bizarres et à j, je
suis incapable de continuer. Là, un éclat de rires s’abat dans la
classe. Le prof, au lieu de réprimer cette avalanche, se met à ricaner
lui aussi. C’est un choc terrible pour moi. L’émotion prend le dessus,
mes oreilles se ferment et je perds le goût pour l’apprentissage de
l’anglais. Évidemment, il y a beaucoup de positif. Les cours sont intéressants. Les connaissances pleuvent sans arrêt. Je réussis quand même à tirer mon épingle du jeu. À mesure que l’année avance, je me sens plus en confiance, sauf en anglais. Pendant tout ce temps, la prière y compris les offices religieux et le chapelet prennent environ 12 heures dans une semaine, presque deux heures par jour. Les études et les cours vont chercher 42 heures. En somme, 14 % du temps à part le sommeil sont consacrés à la prière, 47 % aux cours et à l’étude. Il reste 39 % pour les repas, les récréations, les déplacements et l’hygiène du corps. |
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#
2525
31
octobre 2015
Sous les
marronniers
En 1996, Laurent Dubé, natif de
Saint-Paul-de-la-Croix et ancien du Séminaire de Rimouski (1949-1957), a
relaté ses souvenirs de collège dans un livre intitulé
Sous
les marronniers, publié aux Éditions du Septentrion. Adrien Thério,
natif de Saint-Modeste et ancien du Séminaire de Rimouski (1942-1946)
qui fut romancier, conteur et dramaturge a commenté le livre de Dubé en
ces termes sous le titre « La mort annoncée du cours classique ». « Des moments
inoubliables qui nous permettent de comprendre un peu mieux d'où nous
venons. Mort de sa belle mort depuis une quarantaine d'années, soufflé
par la Révolution tranquille qui a chambardé tout l'enseignement au
Québec, à la fin des années cinquante et au commencement des années
soixante, voici que le cours classique refait surface dans un rappel de
lointains souvenirs. Laurent Dubé a été parmi les derniers à vivre ou
survivre aux soubresauts de ce cours d'humanités qui était censé faire
de tous ceux qu'il attirait dans ses filets des testes bien faites. Difficile
de juger du résultat en l'absence de tout autre système qui aurait pu
nous mener aux portes de l'université.
Des testes bien faites En ce temps-là, peu de
fils de cultivateurs pouvaient penser faire des études avancées. Rares
étaient les parents qui avaient les moyens de payer les frais de huit
années passées dans des séminaires ou des collèges. Quand un enfant
montrait beaucoup de talent à l'école, le curé tâchait de lui trouver un
bienfaiteur qui paierait en tout ou en partie les frais de cette longue
hibernation. On espérait qu'à la fin, le fils reconnaissant entrerait
dans les ordres comme on disait si bien. M. Dubé, lui, a opté, le temps
venu, pour une carrière libérale. Devenu juge aujourd'hui, le voici qui
remonte le fil des ans pour nous dire comment cela se passait dans un
séminaire à la fin des années quarante et pendant la décennie suivante.
Nous sommes au séminaire de Rimouski. C'est le séminaire diocésain
puisque l'auteur est né à Saint-Paul-de-la-Croix. Mais à Rimouski ou à
Nicolet, c'est du pareil au même puisque c'est le même rouleau
compresseur qui se charge de faire des
testes bien faites. En fait, même si le récit est linéaire et nous conduit des Éléments latins jusqu'à la fin, en Philosophie II, nous avons surtout affaire, dans chacun des chapitres, à des sketches qui tâchent d'illustrer certains moments importants de cette vie d'étude parsemée de temps en temps de visions d'ailleurs ou venues d'ailleurs. Évidemment, certaines expressions reviennent régulièrement comme les maîtres de salles, le directeur, le préfet des éludes, M. le Supérieur ; on se retrouve dans des salles d'étude, des réfectoires, des dortoirs dont les dimensions ne sont pas données. Si mon souvenir est bon, c'étaient des centaines d'étudiants qui étaient cordés les uns sur les autres, parfois pendant des heures et des heures comme au dortoir par exemple.:p> Tout au long du récit, l'auteur utilisera les
noms de famille de tous ces éducateurs qu'il côtoiera. J'en ai reconnu
plusieurs au passage puisque j'ai fréquenté la même institution quelques
années avant M. Dubé. L'auteur exagère-t-il ? De retour chez lui
pendant les premières vacances de Noël, on le retrouve dans sa chambre
le nez dans ses livres. « Le séminaire m'avait initié à la drogue de la
connaissance, au plaisir d'étudier les beaux textes de la littérature
[...]. »
De retour au séminaire Nous sommes en 1950. Une année difficile à
oublier puisque en quelques heures, le feu avait rasé une grande partie
de la ville. Restaient debout le séminaire, l'évêché et la cathédrale.
Congé forcé pendant quatre mois. Le collégien se remet difficilement aux
travaux des champs. Et il ne faut surtout pas compter sur lui pour nous
faire entrer dans la vie intime d'une famille de cultivateurs de
l'époque. Sa famille, c'est le séminaire, ce sont les études. Mais les
études, il faut en sortir de temps en temps. M. Dubé, qui ne semble pas
être un grand sportif, joue au ballon, à la balle-au-mur, mais il est
plus à l'aise avec son cor dans la fanfare. Cela lui permettra, avec ses
compagnons, de faire quelques promenades en dehors de Rimouski. La grande
visite D'autres moments inoubliables : les Compagnons
de la Chanson « venus nous offrir les airs de la lointaine France ». À
l'entracte, Bozo ou Félix, comme vous voudrez, qui commençait une
carrière qui allait le propulser à l'avant-scène. On aura aussi droit à
la visite du premier ministre du Québec, Maurice Duplessis. Un peu plus
tard, à celle du premier ministre du Canada, Louis Saint-Laurent. Ce
dernier semble avoir été moins apprécié que Duplessis qui parlait du «
respect des maîtres » et des « mérites de l'éducation ». Saint-Laurent,
« dans notre esprit, était nettement identifié aux affaires et aux
protestants ». Et pour initier ces jeunes gens à la musique, M.
Beaulieu (l'abbé Georges) réussissait à attirer au séminaire quelques
grands noms. « Ainsi nous avons pu acclamer les plus grands maîtres du
clavier, du violon, les plus belles déesses de la harpe et du chant. »
Et j'allais oublier l'échappée en autobus au Cap-à-1'Orignal, journée
remplie d'émois s'il en fut une. Il paraît que c'est vraiment
extraordinaire. Dire que j'ai manqué cela pendant mon séjour là-bas !
Et je n'ai jamais été
invité à faire partie de la Patente, de son vrai nom, L'Ordre de Jacques
Cartier. Une « société secrète qui, selon M. Michaud, le directeur,
œuvre
à la défense de nos droits, de notre
langue et de notre foi ». Initiation, rencontres secrètes, etc. En I960,
avec la Révolution tranquille, la Patente a disparu. Développer le libre arbitre Voici l'auteur en Philosophie I. Même si le
professeur invite les étudiants à développer « leur libre arbitre », il
reste qu'il faut toujours « demander des permissions, des laissez-passer
à tout propos ». Et « défense de lire les plus beaux livres [...] ». Pour éviter le renvoi, ils devront faire des
excuses publiques. Puis, c'est « la prise de rubans », symbole de la
vocation à venir. Et de dire l'auteur avant de quitter les lieux : «
J'étais heureux, il est vrai, d'en découdre avec la cloche et le
règlement [...].» On ne peut qu'être d'accord. Au terme de ce récit, on
peut se demander comment une institution comme le cours classique a pu
vivre et si bien se défendre pendant si longtemps. Comme on le voit, même après quarante ans, M.
Dubé a bonne mémoire. Son récit est fait de façon sobre, mais il réussit
quand même à recréer avec justesse, un brin d'humour et certaines
critiques bien senties, la vie quotidienne d'un collège ou d'un
séminaire de cette époque. C'est un passé qu'il fait bon revivre et qui
nous permet de comprendre un peu mieux d'où nous venons. » (Fin du texte
cité) |
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2475
24 septembre 2015
Quiz sur le Séminaire 1. Qui a gagné un prix du Prince de Galles ? a) Jacques Ringuet
b) Georges-Étienne Talbot
c) Pascal Parent
c) Nive Voisine 2. Quel ancien du Séminaire a été premier
ministre du Québec ? a) Jacques Parizeau b) Gilles Vigneault
c) Adélard Godbout
d) Robert Bourassa 3. Comment s’appelait la fête des philosophes ? a) Saint-Mathieu
b) Sainte-Catherine
c) Saint-Charles
d) Saint-Thomas d’Aquin 4. Qui a réalisé le
Fils du croisé dans les années 1940 et 1950 ? a) Antoine Perreault b) Charles Morin
d) Alphonse Fortin
d) Georges Beaulieu 5. Quel ancien du Séminaire a été le premier à
être évêque de Rimouski ? c) Bernard Lebel
b) Louis Lévesque
c) Charles-Eugène Parent
d) Yves-Marie Dionne 6. Quelle était la couleur du ruban de ceux qui
choisissaient le sacerdoce ? a) blanc
b) rose
d) brun
c) rouge 7. Qui était maître de salle chez les Petits en
1954-1955 ? a) Antoine Gagnon
b) Gilles Roy
c) Gilles Vigneault
d) Raoul Thibault 8. Combien y avait-il de dortoirs au Séminaire
dans l’édifice construit dans les années 1920 ? a) 2
b) 3
c) 4
d) 5 9. Qui a été infirmier pendant de nombreuses
années ? a) André-Albert Gauvin b) Bernard Lebel
c) Gérard Plourde
d) Louis Martin 10. Dans quelle décennie le Séminaire a-t-il
fermé ses portes ? a) 1950
b) 1960
c) 1970
d) 1980
Réponses 1a. Jacques Ringuet
2c. Adélard Godbout
3b. Sainte-Catherine 4d. Georges Beaulieu 5c. Charles-Eugène Parent 6a. blanc 7b. Gilles Roy
8c. 4 dortoirs 9c. Gérard Plourde 10b. 1960 |
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2430
27 août 2015 Les
veuves Au
Séminaire de Rimouski, on appelait veuves
les élèves qui étaient très peu sportifs. N’y a-t-il pas une
expression : Défendre la veuve et l’orphelin, qui signifie Défendre les faibles et les opprimés ? Je
faisais partie de cette catégorie de veuves car, en plus d’être peu
sportif, je n’avais pas tellement d’habiletés dans ce domaine, sauf
peut-être au tennis où j’avais un bon service. À
la Petite salle, le soir dans une cour peu éclairée, on jouait au
drapeau. Je m’y présentais au début. La première opération
consistait à composer deux équipes avec les volontaires. J’étais
toujours un des derniers choisis : c’était très difficile pour
l’estime de soi. Il fallait que j’accepte cette situation parce que
je n’étais pas très performant. Avec
les années, particulièrement à la Grande Salle, ce terme
disparaissait du vocabulaire collégien. Les sportifs continuaient à être
sportifs, mais les autres comme moi manifestaient des habiletés autres
qui étaient considérées à leur juste valeur. Il
y avait une tradition au Séminaire. À la fin de chaque hiver, les
finissants (autour de 20 ans) devaient jouer une partie de hockey contre
une équipe d’Éléments (autour de 13 ans), soit les plus jeunes. Évidemment,
les finissants devaient présenter une équipe comportant les moins
habiles. Je fus un des premiers choisis – peut-être un juste retour
du balancier – pour faire partie de cette équipe. Un
de mes confrères, un expert dans ce sport, m’a approché pour
m’offrir tout son attirail. Ce fut avec une sensation hors de
l’ordinaire que, avec l’aide de ce confrère, j’ai posé les épaulettes
et tous les autres objets de protection. Il me semblait que ce confrère
m’a aidé à me transformer en joueur de hockey. Ayant
peu patiné dans le passé, mon problème consistait à me déplacer sur
la glace. J’ai été assigné à la défense. J’ai fait de mon
mieux, mais je n’ai pas pu arrêter les jeunes joueurs qui me
contournaient sans trop d’efforts. Nous avons perdu la partie, mais ce
fut une expérience spéciale que je suis loin d’avoir oubliée. Les jeunes étaient fiers de nous avoir battus. À cause de notre piètre performance, mes confrères avaient pu rigoler et se moquer gentiment de nous. Ce qui était le plus rigolo, c’est que nous n’avions pas fait exprès pour perdre la partie. |
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2385
1 août 2015 Déboursés
au Séminaire En
1953-1954, au Séminaire de Rimouski, il en coûtait 385 $, y compris la
literie, pour les pensionnaires et 122 $ pour les externes. Pour un élève
à l’infirmerie, on devait débourser 1 $ par jour. De plus, les cours
de piano exigeaient 30 $. Dans
la Revue d’histoire du
Bas-Saint-Laurent de janvier 1996, Marcel Leblanc raconte combien il
en coûtait une quarantaine d’années plus tôt et comment se
faisaient les déboursés. Voici son texte : « Pour
inscrire un élève pensionnaire, il en coûtait 100 $ par année de
1905 à 1910 et 120 $, de 1910 à 1914. Un élève externe n’avait que
30 $ à débourser pour les frais scolaires d’une année complète.
Comme frais supplémentaires, on demandait 10 $ pour la literie, 10 $
pour les élèves du cours commercial désirant apprendre la
clavigraphie, 20 $ pour l’étude du piano et 15 sous par jour pour
celui qui avait le malheur de se faire interner à l’infirmerie. Le
jour de la rentrée scolaire, au début de septembre, la cour de récréation
du Séminaire était envahie par des voitures chargées de jarres de
beurre ou fromage, de billots ou tout autre produit de la ferme. C’était
de cette manière que de nombreux cultivateurs défrayaient les frais de
scolarité de leur enfant, promis à de hautes fonctions. C’était la
foire à l’instruction ou le tribut que la culture de la terre rendait
à la culture tout court. » (Fin du texte cité) |
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2345
24 juillet 2015 Léonard
Desjardins J’ai
appris avec stupéfaction le décès de Léonard survenu le 21 juillet
2015 à l’âge de presque 75 ans. Léonard
est né à Saint-Mathieu-de-Rioux le 25 juillet 1940. Il est le fils de
Cyprien Desjardins et de Régina Jean. Quelques années après sa
naissance, sa famille est allée s’établir à Saint-Léon-le-Grand.
Il a fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski de septembre
1953 à juin 1961. Il s’est fait remarquer par ses aptitudes
sportives, notamment au soccer, au hockey, au billard et aux quilles. Il
a consacré sa vie active à l’éducation avec comme résidence à
Amqui. Voici ce qu’on retrouve sur le site de la Maison funéraire
Fournier d’Amqui : « Monsieur Desjardins était un passionné
des mathématiques. Il a été enseignant et conseiller pédagogique à
la Commission scolaire de la Vallée de la Matapédia de 1963 à 1996.
Au cours de sa vie, il a développé plusieurs passions, le golf, les
quilles, la pêche au saumon, la marche et la raquette. Mais par dessus
tout il était très fidèle envers sa famille ; il adorait son épouse,
ses enfants et ses petits-enfants. Il laisse en souvenir son amour qu'il
vouait avec tendresse pour chacun d'eux. » Léonard
m’expédiait de temps à autre des courriels sur des sujets mathématiques
ou logiques. Il était mon cousin du 3 au 4 du côté de sa mère. Le 14
juillet dernier, suite à un de ces messages, je lui avais détaillé
l’état de notre parenté. La
célébration commémorative aura lieu en l'église d'Amqui le vendredi
31 juillet 2015 à 10 h 30. Mes
sincères condoléances à la famille éprouvée. |
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2330
21 juillet 2015 La
vie de pensionnaire Au
Séminaire de Rimouski, dans les années 1950,
la vie de pensionnaire n’était pas toujours facile, du moins
pour certains. La perspective d’entreprendre huit années de
pensionnat en effrayait plusieurs. Les règlements, même s’ils étaient
appliqués d’une façon souple, pouvaient représenter une entrave à
la liberté. Dans
ma cohorte, nous étions 158 élèves en septembre 1953 et nous avons
terminé 61 en juin 1961, incluant sept élèves qui nous ont rejoints
en cours de route. C’est donc dire qu’il y a eu 104 départs. De ce
nombre, la grande majorité avait les capacités intellectuelles de
mener à terme leurs études classiques. Dans
la Vie écolière de janvier-février
1954, Yves Joncas, un élève d’Éléments, originaire de Sept-Îles,
décrit sa perception et son état d’âme à son retour du congé des
Fêtes : « Ah
! Ce qu’ils ont l’air perdu les gars de la Petite salle à la rentrée
des Fêtes. Personne n’a le goût à rire ni même à jouer pour se
distraire. On se donne la main, on se souhaite la bonne année, c’est
tout. Dans
la salle ou dans la cour, on voit des groupes formés uniquement d’élèves
venant de la même ville ou du même village. On les voit se rongeant
les ongles ou se frottant nerveusement les yeux, discuter de la dernière
veillée en famille. Ils sont bien bêtes, me dis-je, de tourner le fer
dans la plaie comme ça. À
la prière du soir, on entend des reniflements pas toujours discrets qui
rappellent les dames de Sainte-Anne à l’enterrement de leur présidente.
Ce soir-là, à l’étude, contrairement à nos habitudes, on ne
cherche pas à chuchoter à notre voisin : « Passe-moi ta
gomme à effacer ou passe-moi ta plume ». Au
dortoir, cette nuit-là, il y a des pleurnichements et des grincements
de dents qui auraient empêché la douce Morphée elle-même de dormir.
Aussi après une pareille nuit, on se lève « les pieds plus légers
que la tête », comme le dit la chanson. Au réfectoire, nul mets
n’excite leur envie ; tous se meurent d’ennuyance.
Après le déjeuner, il faut se remettre au travail. On trouve ça bien
difficile de remplacer les belles randonnées en ski et les émouvantes
parties de hockey par une méchante version (latine) dont le pronom réfléchi,
ma bête noire, est l’objet. Mais
au bout d’une semaine ça revient peu à peu. Petit à petit, on
oublie les joies des vacances laissées en chemin mais qui nous
attendent en juin. En attendant, attendons ! » (Fin du texte
cité) Personnellement,
je n’ai jamais ressenti cette déchirure au retour des vacances des Fêtes.
Mais, on le perçoit dans son texte, l’auteur trouvait la situation
extrêmement pénible. C’est peut-être pour cela qu’il n’est pas
revenu l’année suivante. |
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2280
27 juin 2015 Fête
du Supérieur Dans
les années 1950, au Séminaire de Rimouski, l’automne était marqué
par trois fêtes traditionnelles : celle du Supérieur à la troisième
semaine d’octobre, les retrouvailles des anciens le 4 novembre en la fête
de Saint-Charles, puis la fête des philosophes le 25 novembre, jour de
la Sainte-Catherine. Ci-après
un compte-rendu écrit par Gérard Pelletier de Versification concernant
la fête du Supérieur en 1953. Ce texte a été publié dans la Vie
écolière de novembre-décembre 1953. « En
automne, s’il est un événement attendu avec hâte au Séminaire,
c’est bien la fête de Monsieur le Supérieur. Cette année, on en
parlait trois semaines à l’avance, et c’était tout un spectacle le
21 (octobre) après-midi que de voir les confrères revêtir avec soin
leurs plus beaux atours et onduler leur chevelure. À
4 h 30 : les vêpres pontificales. Nous avions l’honneur
d’accueillir dans notre chapelle, en même temps que notre vénéré
archevêque, Son excellence Mgr Louis Lévesque, qui fit le sermon de
circonstance avec toute l’éloquence à la fois solide et touchante
qu’on lui connaît. L’âme
rassasiée, nous sommes toujours heureux de penser un peu à
l’estomac. Ce soir-là, une corne d’abondance se déversait dans
notre cabaret : jambon, gâteaux et bonnes fraises. C’est
peut-être une des raisons pour lesquelles tout le monde était de si
bonne humeur le soir à l’auditorium. Après Chanson
triste et Marche triomphante par notre brillant orchestre, un des nôtres,
Gabriel Bérubé, présenta les hommages de la communauté à Monsieur
le Supérieur. Tout
le monde fut heureux d’entendre dire de la bouche même de son Supérieur
que nous étions de bons élèves. Naturellement, nous le savions, mais
ça fait toujours plaisir. La joie déborda en vigoureux
applaudissements à l’annonce du grand congé promis pour le
lendemain. Suivirent
deux chants fort bien rendus par la chorale : Hommages,
dont les paroles sont d’un de nos finissants, Yvonnik Saint-Pierre,
puis Le vent. On admira, dans
le numéro suivant, les talents d’acteurs de neuf de nos confrères
dans Un trésor est caché dedans.
Puis, huit garçons du Séminaire, sous l’habile direction de Monsieur
l’abbé Georges Beaulieu, nous présentèrent trois chants goûtés de
tous : Un canadien errant,
O nuit, C’est notre grand-père
Noé. Après le numéro classique Les anarchistes de l’orthographe, l’Harmonie Sainte-Cécile clôtura
brillamment la soirée par Marche
occidentale suivie d’un répertoire de choix. Le
lendemain matin, ce fut Monsieur le Supérieur qui dit la messe de
communauté. Après un déjeuner hâtif, nous désertions rapidement
l’Alma Mater qui demeura vide et silencieuse jusqu’à 8 heures du
soir. Puis, fatigué mais heureux, chacun se replongea avec courage dans
la routine quotidienne … en attendant les Fêtes. » (Fin du
texte cité) |
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2240
19 juin 2015 La
prise de rubans Chaque
année en avril ou en mai, au Séminaire de Rimouski, les finissants dévoilaient
leur choix de carrière. Cela se faisait à la Salle académique devant
les élèves, les parents des finissants et des invités d’honneur.
Cette cérémonie était appelée prise de rubans. En
se présentant sur la scène, chaque finissant était épinglé du ruban
associé à son choix. Une couleur était attribuée à chaque
profession. Par exemple, le ruban blanc revenait à ceux qui avaient
choisi le sacerdoce. Pour
plusieurs, la marche vers ce choix avait été pénible. Bien sûr, il
fallait penser à soi et à ses capacités, mais aussi aux bienfaiteurs
grâce à qui on en était rendu là. Il fallait aussi avoir vécu au préalable
deux retraites de vocation d’une semaine : l’une en philosophie
I et l’autre en philosophie II où les prédicateurs avaient insisté
pour montrer que la voie la plus certaine pour réussir sa vie et aller
au ciel était la prêtrise. Même
si les prêtres du Séminaire ne faisaient aucune pression pour orienter
les élèves à la prêtrise, beaucoup de parents espéraient que ce
choix soit celui de leur fils. Là où c’était plus compliqué,
c’est lorsqu’un élève avait eu un bienfaiteur unique qui avait
consenti à payer tous les frais de pension et de scolarité pendant
huit ans. En effet, certains bienfaiteurs, surtout les laïcs, avaient
espoir que, par leur entremise, ils auraient contribué à donner un
fils à l’Église. Les
applaudissements, lors de la cérémonie, montraient bien que le
sacerdoce, au clergé séculier ou régulier, avait la plus grande
ferveur. À
titre d’exemples de choix, voici la répartition des professions pour
les 32 finissants de juin 1954 : Architecture :
1 Droit
économique : 1 Droit
et diplomatie : 1 Génie
électrique : 1 Génie
mécanique : 1 Génie
minier : 1 Hautes
études commerciales : 2 Lettres
et musique : 1 Médecine :
6 Missions
Étrangères : 4 Notariat :
1 Orientation
professionnelle : 1 Relations
industrielles : 1 Sacerdoce :
9 Service
social et psychiatrie : 1 On
notera qu’aucun élève n’a choisi l’enseignement, les sciences
pures ou encore les sciences politiques qui en étaient à leur
balbutiement. Sans connaître les statistiques, il est probable que
certains de ces finissants ont fait une carrière en enseignement. Dans
les années suivantes, le choix de carrière a évolué en regard des
ouvertures que fournissaient les universités. En 1954, les universités
du Québec et l’université de Sherbrooke n’existaient pas encore.
Il fallait s’inscrire à l’université Laval, à l’université de
Montréal ou dans les Grands Séminaires. |
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2185
8 juin 2015 Décès
de Robert Lebel Robert
Lebel est né le 8 novembre 1924 au rang 3 Est de Trois-Pistoles. Il
fait ses études classiques au Séminaire de Rimouski. Licencié en théologie
de l’université d’Ottawa, il est ordonné prêtre en 1950 à
Trois-Pistoles. Par la suite, il obtient en doctorat en théologie à
Rome. Il
est professeur au Grand Séminaire de Rimouski de 1951 à 1955. De 1952
à 1963, il est rédacteur de la revue diocésaine Le
Centre Saint-Germain dans laquelle il écrit des dizaines
d’articles. De
1963 à 1965, il est directeur du Grand Séminaire de Rimouski où il
m’a enseigné la patrologie. En 1965, il est nommé supérieur du Séminaire.
C’est lui qui m’a nommé directeur-adjoint au secondaire du Séminaire
en remplacement de l’abbé Rosaire Dionne et dont le directeur était
Lionel Dion. Il a la lourde tâche de décider de la survie ou pas de
cette institution centenaire. Après avoir effectué de nombreuses
consultations auprès du personnel et du clergé, il décide
d’abandonner le cours classique et de vendre les bâtisses du Séminaire
et de ses écoles au Gouvernement du Québec pour y loger le cégep de
Rimouski. Comme
président de la corporation du Séminaire, il signe l’acte de vente
en août 1968. J’ai l’honneur d’être à ses côtés pour y
apposer ma signature à titre de secrétaire. Pour le cégep de
Rimouski, Jean-Guy Nadeau et Fernand Dionne sont les signataires. Il
redevient directeur du Grand Séminaire en 1969. En même temps, il est
président de la Corporation du Séminaire. En 1974, il est nommé évêque
auxiliaire du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, puis en 1976, à l’âge
de 51 ans, il est nommé évêque
de Valleyfield. En 2000, ayant 75 ans, il démissionne de son poste. Il
est décédé le 25 mai 2015 à Valleyfield et est inhumé le 3 juin au
cimetière de cette ville dans le lot réservé aux anciens évêques. Mgr
Robert Lebel laisse en héritage une œuvre littéraire considérable.
Ses dons pour l’écriture et la caricature ont transcendé ses écrits.
Il a produit huit livres et écrit de nombreux billets spirituels dans
différentes publications et même sur internet. J’aurai
eu la chance de le côtoyer pendant près de 10 ans. |
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2140
30 mai 2015 Les
pique-niques Au
Séminaire de Rimouski, les pique-niques de classe ont commencé en
1954. Auparavant, il y avait un pique-nique annuel pour toutes les
classes qui durait une journée. Le tout se déroulait généralement
dans la cour du Séminaire. Les autorités ont alors décidé qu’au
lieu d’un pique-nique général, il y aurait deux demi-journées de
congé d’études, l’une consacrée à un pique-nique de classe et
l’autre à des activités communautaires comme les Olympiades. Le
pique-nique de classe avait lieu ordinairement en mai. Il se déroulait
au bocage du Séminaire, sur le bord de la Rivière Rimouski, à la Rivière-Hâtée
où était situé le chalet des prêtres du Séminaire, au bois à
Pierrot, un boisé situé aujourd’hui derrière la polyvalente
Paul-Hubert ou même, plutôt rarement au Cap à l’Orignal. Certaines
classes faisaient le pique-nique plus tôt, soit en avril, pour profiter
des plaisirs de la cabane à sucre. Le
conseil de classe était responsable de l’organisation de cette
activité. À même le budget de la classe, il achetait des chips, des
liqueurs, des friandises et même … des cigarettes. Imaginez le tollé
aujourd’hui si on offrait à l’école des cigarettes à de jeunes écoliers.
Certaines classes faisaient appel aux mères des externes pour
confectionner des amuse-gueule, comme des sandwiches ou des petits gâteaux.
L’après-midi
était consacré à participer à certains jeux comme le drapeau, à se
lancer des balles, à se reposer au soleil ou encore à écouter les
musiciens en herbe de la classe qui n’avaient pas hésité à apporter
leur instrument de musique. Des chants, des histoires étaient aussi le
menu de cet après-midi qui passait trop rapidement. Les
professeurs venaient nous visiter. Ils s’amusaient gaiement à
participer aux activités et à nous faire voir leur performance
sportive. Ils étaient un élément d’attraction. Comme on leur
parlait très peu en dehors des classes, ils en profitaient pour nous
faire voir un côté qu’on ne leur connaissait pas en racontant des
blagues ou des expériences vécues. La
plupart du temps, le menu du souper consistait en des fèves au lard qui
étaient fournies par les bonnes Sœurs, responsables de la cafétéria.
Après le souper, c’était le retour au bercail. Nous
étions heureux d’avoir fraternisés entre confrères de classe.
L’objectif de cette activité était atteint parce qu’il avait été
conçu pour renforcer les liens qui unissaient les élèves de chaque
cohorte. |
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2105
23 mai 2015 La
Saint-Thomas S’il est un homme qui a eu une grande influence
dans l’Église catholique, c’est bien Thomas d’Aquin. Il est né
vers 1224 en Italie. Il est devenu religieux de l’ordre dominicain.
Son œuvre philosophique et théologique a été considérable. Dans les
collèges classiques de l’époque, le thomisme était la base de
l’enseignement de la philosophie. Ce docteur angélique est décédé
le 7 mars 1274. À mon époque, les livres de philosophie étaient
écrits en latin et reproduisaient parfois mot par mot la doctrine de
saint Thomas. Ce dernier avait tenté de faire une synthèse de la foi
et de la raison, en s’inspirant de la philosophie d’Aristote. Aussi, pour les élèves de Philosophie I qu’on
appelait d’ailleurs les philosophes, le 7 mars était appelé jour de
la Saint-Thomas. À cette occasion, pour eux, les cours étaient
suspendus afin de s’adonner à des activités relaxantes ou sérieuses. Le 7 mars 1954, les philosophes ont fêté leur
saint patron en faisant une excursion à Sacré-Cœur. Ils s’y
rendirent dès l’avant-midi en autobus, sur le pouce ou à pied. Dans
la Vie écolière de
mars-avril 1954, Rodrigue Roy, un des philosophes raconte qu’ils en
ont profité pour se divertir et « déguster crêpes, tire ou
sandwichs ». Le 7 mars 1960, les philosophes profitent de leur
congé d’études pour approfondir la doctrine et l’influence de
saint Thomas. Des comités d’études avaient été préalablement formés
pour préparer la journée. Des finissants comme Jean-Yves Thériault,
Paul-Martel Roy et Gérald Laforest ont démontré un esprit
philosophique et scientifique en présentant des exposés relatifs au
thomisme. Un cahier assez volumineux a d’ailleurs été publié à
cette occasion. Je me souviens être allé voir l’abbé Pascal Parent,
directeur des élèves et éminent professeur de métaphysique, pour
faire autographier cet ouvrage. Il avait écrit : « À un élève
moqueur » et avait signé son nom. Je n’ai jamais compris le
sens de cette remarque. En juin, les finissants devaient faire une
dissertation aux examens de l’université Laval. En 1961, trois sujets
étaient proposés dont l’un consistait à prouver l’existence de
Dieu en s’inspirant des propos de saint Thomas. J’avais choisi ce
sujet et j’ai tenté de discourir sur une des cinq preuves élaborées
par ce docteur de l’Église. Au cours de l’année, le professeur s’était
souvent interrogé sur l’origine du monde en cherchant à savoir qui
avait été en premier, la poule ou l’œuf. Heureusement, aujourd’hui, dans les cégeps, on a
élargi l’éventail des grands penseurs et des philosophies qu’ils
prônent. |
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2070
8 mai 2015 La
descente du drapeau En
1961, deux ou trois de mes confrères plus nationalistes ont mijoté un
coup qu’on n’était pas habitué à voir dans ces années là. Sur
le toit du bureau de poste de Rimouski, trônait le Red Ensign
britannique. Ce drapeau qui n’avait jamais été officiellement adopté
par le Parlement du Canada montrait l’Union Jack et les Armoiries du
Canada. Il flottait sur les édifices gouvernementaux du Canada depuis
1945. Le
coup consistait à aller décrocher le drapeau pour montrer l’émergence
du Québec et le souci d’être libéré des symboles canadiens. Un
samedi après-midi, les confrères concernés ont monté sur le toit du
bureau de poste de la rue de la Cathédrale de Rimouski, ont pris le
drapeau et l’ont amené au Séminaire en toute discrétion. Je
me souviens d’avoir été informé de ce coup
d’état et de m’être précipité au bureau de poste.
Malheureusement, tout était terminé. Le
risque était grand, car tous se rappelaient qu’en juin 1957 un
Finissant avait été congédié pour avoir découché. Il avait dû
aller subir ses examens universitaires au collège de Saint-Anne de la
Pocatière. Concernant
le drapeau, la GRC a fait enquête. Ils l’ont retrouvé et l’ont
confisqué ; mais, ils n’ont porté aucune accusation. Il est probable
de penser que les dirigeants du Séminaire ont informé la GRC qu’ils
règleraient eux-mêmes le problème. Le cas de ces élèves s’est sûrement
rendu jusqu’au Supérieur. Peut-on penser que le chanoine Alphonse
Fortin, un éminent nationaliste et un disciple du chanoine Lionel
Groulx, ait eu son mot à dire ? Il était alors assistant-supérieur. Toujours
est-il que les élèves concernés n’ont pas été punis, pas même
une réprimande. C’était là une façon tacite de montrer l’accord
des autorités avec le but poursuivi. Un
tel événement au début des années 1960 dans un collège classique était
hors du commun. |
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2040
2 mai 2015 La
bouffe au Séminaire La
Vie écolière de mars-avril
1955 publiait certaines données concernant les dépenses et le
personnel de l’année précédente au Séminaire de Rimouski en
incluant ses écoles. On
comptait cette année-là 435 pensionnaires au Séminaire, 333 à l’école
Technique, 162 à l’école de Commerce, 28 à l’école de Marine,
ce qui faisait 958 bouches à nourrir. De plus, il y avait 63 prêtres
pour la surveillance et l’enseignement, de même que cinq prêtres
retraités. Pour nourrir tout ce monde, faire le lavage et
l’entretien, on comptait 28 religieuses, 52 servantes et 12 hommes préposés
à l’entretien. Le
coût des provisions pour l’année s’est élevé à 141 850 $,
soit environ 200 $ par personne. Les salaires ont exigé un peu plus de
50 000 $ : une moyenne de 308 $ par personne. Il faut se
souvenir que la plupart d’entre eux étaient logés et nourris.
L’entretien a coûté 39 487 $. L’électricité, le chauffage,
l’eau et les taxes sont allés chercher 33 676 $. Il
s’est ingurgité 400 boîtes de beurre (12 768 $), du lait pour
25 450 $, 109 792 quarts de pain (15 474 $), 8700
brioches pour l’année, 2000 livres de bœuf et 1000 livres de porc
par semaine (32 650 $), et 19 minots de pommes de terre par jour. En
mars 1959, un auteur anonyme précisait : •
Il faut 300 livres de bœuf désossé pour un seul repas, soit l’équivalent
d’un bœuf. •
Pour un hot chicken, il faut 180 quarts de pain et 200 poulets. •
Un repas aux œufs nécessite 155 douzaines d’œufs. •
Un déjeuner exige 144 boîtes de Corn Flakes et 120 livres de beurre
d’arachide. Pour une année, il faut 43 200 boîtes de Corn
Flakes et 36 000 livres de beurre d’arachide. •
Il faut 1500 livres de lait, 200 livres de sucre et 320 quarts de pain
par jour. Toutes
ces statistiques ont de quoi provoqué une indigestion. |
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2000
24 avril 2015 La
télévision au Séminaire La
télévision a vu le jour à Montréal en 1952 par l’entremise de
Radio-Canada. C’était alors le seul poste disponible. À Rimouski, ce
fut l’homme d’affaires et sénateur à Québec, Jules-A. Brillant,
qui a implanté le premier poste en 1954. Le poste CJBR (Canada, Jules
Brillant, Rimouski) diffusait sur le canal 3 et était affilié à
Radio-Canada. Depuis 1937, cet homme avait la licence de la radio de
Radio-Canada à Rimouski. Au
Séminaire de Rimouski, le premier téléviseur pour les élèves a été
installé dans la salle de lecture des Grands en janvier 1955. C’était
un don des professeurs et des prêtres de la maison. Il fut présenté
par le Supérieur comme le cadeau de Noël des élèves. À l’époque,
un appareil noir et blanc – les seuls disponibles – coûtait autour
de 400 dollars. Les prêtres professeurs gagnaient 400 $ annuellement. C’était
une petite révolution, car c’était une ouverture vers l’extérieur
qui existait peu si ce n’est que par les activités artistiques qui étaient
présentées à la Salle académique. Monsieur Lionel Dion, professeur
au Séminaire qui est devenu plus tard préfet des études et directeur
général du cours secondaire, me racontait qu’avant l’avènement de
la télévision à Rimouski, souvent le dimanche, les autorités du Séminaire
accueillaient les personnes de la ville pour la présentation de films,
de conférences ou même de panels. Quand la télévision est apparue
dans le décor, toutes ces activités cessèrent faute de combattants. Certains
élèves et certains prêtres s’interrogeaient sur l’influence que
pourrait avoir cette nouvelle technologie sur l’ensemble des élèves.
Dans un article de la Vie écolière de janvier-février 1955, le finissant Paul-Émile
Bouillon s’exprimait ainsi : « Devant cette nouvelle
acquisition, nos esprits sont à la fois un peu inquiets et pleins
d’espoir. D’abord,
nous sommes inquiets parce que réellement nous nous demandons comment
nous pourrons bénéficier des avantages de notre télévision. […]
Nous remarquons cependant que l’horaire de notre journée ne coïncide
pas beaucoup avec celui des programmes télévisés. […]
Nous savons bien que l’avènement d’une télévision au Séminaire
… présume, par le fait même, que
nous pourrons en bénéficier en maintes circonstances. En
effet, on n’aurait pas acheté un appareil si dispendieux simplement
pour le plaisir de dire que les élèves ont une télévision à leur
disposition. […] Pourquoi ne pas avoir confiance qu’un de ces bons
soirs, la communauté sera invitée à suivre tel ou tel programme à sa
télévision. […] Et ainsi, notre télévision serait pour nous, non
seulement un divertissement agréable et nouveau, mais même un moyen de
culture et de formation. » Si
mes souvenirs sont exacts, CJBR-TV ne diffusait qu’à partir de 16
heures ou de 17 heures. Pour les élèves, le seul moment possible de
s’asseoir devant le téléviseur était de 18 heures 30 à 19 heures
30. La prière à la chapelle était cédulée pour 19 heures 40. Après,
c’était l’étude jusqu’au coucher à 21 heures. L’horaire de la
journée n’a pas été modifié d’un iota. Au Pavillon de
philosophie et plus tard à la Grande salle, il y avait des permissions
spéciales pour certaines émissions comme pour voir la partie de hockey
de la Ligue nationale le samedi soir. Bref,
l’avènement de la télévision au Séminaire n’a pas amené la
secousse que certains appréhendaient. |
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1965
17 avril 2015 Les
activités d’hiver Au
Séminaire de Rimouski, particulièrement à la Grande salle, les
activités parascolaires étaient nombreuses en hiver. À titre
d’exemple, je vous présente les activités de l’hiver 1955-1956.
Les renseignements proviennent d’un article de la Vie écolière écrit par Jacques Tremblay de Versification B. Mardi
6 décembre. Conférence sur la faculté de commerce de l’université
Laval donnée par le frère Hormidas. Dimanche
18 décembre. Conférence sur le génie minier donnée par Hormidas
Langlais, député des Îles-de-la-Madeleine et adjoint parlementaire du
ministre des Mines. Mardi
20 décembre. Conférence sur les sciences sociales donnée par le Frère
Tremblay. Samedi
21 janvier. À la Salle académique, réception des anciens du Séminaire
qui étudient à l’université Laval. Dimanche
22 janvier. Partie de hockey entre les anciens et les élèves. Jeudi
2 février. Causeries sur la tempérance du secrétaire-fondateur du
comité de la Moralité publique de Montréal, J.-Z.-Léon Patenaude,
l’une à l’étude de la Grande salle et l’autre chez les
philosophes. Samedi
11 février. Concert du pianiste français Bernard Ringeissen, alors âgé
de 21 ans. Mardi
14 février. Programme récréatif à la Salle Académique pour
souligner le mardi gras et le festival de l’école Technique. Mercredi
15 février. Projection du film Fabiola. Mercredi
22 février. Projection d’un film sur l’Afrique, suivi d’une conférence
sur la vie des missionnaires dans ce pays par le Père Vigneault des Pères
du Saint-Esprit. Mercredi
29 février. Débat oratoire sur la situation économique du Canada français.
Le gagnant est Gérard Pelletier. Même
jour. Conférence sur la physique médicale par le Docteur Kerwin. Dimanche
4 mars. Présentation d’un spectacle intitulé La bible vivante par René-Salvator Catta au Centre des loisirs sous
le patronage de Mgr Parent, archevêque de Rimouski. Outre ces activités, les nombreuses associations tenaient des réunions. La fanfare et l’orchestre poursuivaient leur pratique. Au hockey, la ligue intercollégiale, la ligue intermédiaire et la ligue mineure présentaient les éliminatoires. |
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1925
9 avril 2015 Une
tradition abandonnée Depuis
fort longtemps, la cohorte d’élèves qui était promue en Méthode au
Séminaire de Rimouski était scindée en deux classes. L’une se
retrouvait à la Grande Salle et l’autre devait demeurer avec les
Petits pour une troisième année. En
septembre 1955, la tradition disparut. Tous les élèves de Méthode se
sont retrouvés à la Grande salle. Fait important, c’était la première
année dans l’histoire presque centenaire du Séminaire qu’il y
avait trois groupes en Méthode. Il était impossible de composer deux
groupes avec 89 élèves. La
salle d’études des Grands ne pouvait pas accueillir tous les élèves
de Méthode à Philosophie II. Les autorités décidèrent donc
d’assigner les élèves des deux Philosophies dans leur classe
respective pour le temps prévu à l’étude. Il y avait alors 34 élèves
en Philosophie I et 27 en Philosophie II. La salle d’études des
Grands accueillait donc les élèves de Méthode, Versification,
Belles-Lettres et Rhétorique. Je
faisais partie de ce groupe qui a vu s’implanter cette nouvelle
tradition. Dans la Vie écolière de septembre-octobre 1955, Claude Marin de Syntaxe C
écrit : « L’année
dernière, (parmi) les élèves de Syntaxe, les uns espéraient devenir
les doyens de la petite cour ; les autres, voulant s’approcher du
chemin, opinaient pour la grande cour. Enfin, les idées étaient
diverses. […] Plusieurs d’entre eux se promettaient bien de
revenir à la petite salle, afin de montrer aux jeunes leur adresse aux sports. Les derniers désiraient faire
parler d’eux parmi les grands. » L’auteur
raconte qu’en septembre 1955, les premiers arrivés, inscrits en Méthode,
apprirent qu’on les dirigeait vers la Grande salle et que finalement
« devant la joie des uns et la consternation des autres »,
ils constatèrent que la Petite salle était du passé. Claude
Marin conclut en disant : « Alors, ce à quoi personne
n’avait songé arriva : les gars de Syntaxe était les doyens à
la petite cour. Pensez-y donc : un tennis et une balle au mur de
plus ; nous jouerons à la balle et au hockey plus souvent. Si un
concert ou quelque spectacle est donné au Séminaire, nous en serons
les premiers bénéficiaires à la petite cour. En tout cas, si ce
changement a fait des mécontents, ce n’est sûrement pas à la petite
salle ! » |
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1875
30 mars 2015 Le
directeur spirituel Au
Séminaire de Rimouski, un groupe de quatre ou cinq prêtres étaient désignés
chaque année pour assumer la fonction de directeur spirituel. Au moins
dans les premières années du cours classique, il était recommandé de
visiter son directeur une fois par mois. Un prêtre avait la charge de
coordonner les activités de ces personnes. En
1953-1954, c’est l’abbé Raoul Thibault qui était le directeur
principal. Il remplissait cette fonction depuis qu’il avait quitté
son poste de directorat des élèves en 1948. Il était assisté des abbés
Émile Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Robert Michaud et Hervé Beaulieu. En
1954-1955, Robert Michaud quitte ce poste car il devient directeur des
élèves. Se joignent à l’équipe : Réal Lamontagne, Pascal
Parent, Louis-Jacques Morissette, Yves-Marie Dionne et Marcel Morin. En
1955-1956 et en 1956-1957, l’abbé Thibault est assisté des abbés Émile
Saint-Pierre, Pierre Bélanger, Hervé Beaulieu, Lionel Pineau et Pascal
Parent. En
1957-1958, l’abbé Thibault conserve son poste chez les Grands. Lionel
Pineau devient le directeur principal chez les Petits. Mgr Georges
Dionne se joint à l’équipe. Les autres assistants sont Émile
Saint-Pierre, Hervé Beaulieu, Simon Amiot et Marcel Morin. En
1958-1959, l’abbé Martin Proulx s’ajoute à l’équipe. L’année
suivante, on retrouve la même équipe. En
1960-1961, l’abbé Robert Michaud devient le directeur principat. Il
est assisté des abbés Raoul Thibault, Lionel Pineau et Marcel Morin. Dans
la Vie écolière de février-mars
1956, Albert Roy de Philo I fait un réquisitoire sur la nécessité de
consulter son directeur spirituel. Il écrit notamment : « On
dit souvent que le directeur spirituel est un grand ami, qu’il passe
de beaux livres, qu’il peut nous dire notre tempérament. C’est plus
ou moins vrai. Ta direction spirituelle n’a d’autre but que te
guider dans ta marche vers la sainteté. » Plus
loin, il écrit : « Le directeur est un ami qui veut te connaître
pour te diriger dans le droit chemin de la vérité. [...] Tu
dois être obéissant envers ton directeur. Tu as décidé de te faire
aider. Pour être logique, tu dois suivre ses conseils. Tu ne dois pas
craindre d’aller te confesser à lui. » Après
avoir conseillé de rencontrer régulièrement son directeur spirituel,
Albert Roy conclut en disant : « La direction spirituelle est
aussi importante pour réussir ta vie et ta sanctification que les
cartes géographiques pour le voyageur. » |
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1840
23 mars 2015 Vie
au Pavillon de Philosophie Le
4 septembre 1959, un pavillon ouvrait ses portes au Séminaire de
Rimouski pour recevoir les 65 élèves de Philosophie I et les 43 élèves
de Philosophie II. Les élèves du 98e
cours, dont j’étais, étaient les premiers à entrer dans cette bâtisse
toute neuve pour y étudier pendant deux ans. Le
premier geste pour chacun fut de visiter la chambre qui lui était
assignée : un lit, un bureau, une chaise berçante, une toilette
et un lavabo. Des douches sur chaque étage. Quel luxe ! La visite
continuait et permettait de découvrir
la salle de repos, appelée salon, contenant des chaises, des petites
tables et un téléviseur. Puis c’était le gymnase, les vestiaires au
sous-sol et les trois classes. Le laboratoire de chimie n’était pas
encore prêt. Quant à la chapelle, la plupart préférait la voir lors
de la messe du lendemain. Puis,
vint l’inauguration officielle le 3 octobre où on pouvait accueillir
le premier ministre Paul Sauvé et de nombreux dignitaires. Le
lendemain, les parents des élèves étaient invités à visiter les
nouveaux locaux. Dès
le début de l’année, il fut assez facile de s’adapter à cette
nouvelle vie. Au lieu de se lever à 5 heures 45, la cloche sonnait à 6
heures 30. En milieu d’année, pour favoriser l’exercice physique,
un tintement plus court, se
faisait entendre à 6 heures 15 pour inviter les élèves au gymnase. Si
on ne s’y rendait pas, il restait 15 minutes à dormir. À
6 heures 45, c’était la messe qui était dite par le directeur du
Pavillon, l’abbé Pascal Parent. La messe terminée, soit vers 7
heures et demie, les élèves se rendaient à la cafétéria du Séminaire.
Il n’était pas requis de prendre les rangs de doyens pour y aller. On
avait un intervalle de 20 à 30 minutes pour aller se sustenter. Là,
on devait observer le silence, comme les autres élèves de la Petite
salle et de la Grande Salle. De façon générale, les surveillants étaient
tolérants et n’intervenaient pas à moins d’abus ou de propos trop
forts. Après tout, nous étions des philosophes ! Après
une courte récréation pour aérer ses poumons, deux heures de classe
suivaient et une troisième heure les mercredis et les samedis. Puis,
c’était le dîner à la cafétéria. La
récréation du midi se passait à faire du sport ou à participer à
des activités socioculturelles. En principe, il n’était pas permis
d’aller en ville. Deux heures de cours suivaient en après-midi, puis
une longue étude avant le souper. Il arrivait que certaines émissions
de télévision, comme Roquet
belles oreilles qui commençait à 18 heures, obligeaient (!)
certains élèves à enfiler leur repas. À
19 heures 45, les élèves se retrouvaient à la chapelle pour la récitation
du chapelet ou pour toute autre cérémonie. À 22 heures, c’était le
couvre-feu. Les
mercredis, samedis et dimanches après-midis, il était permis d’aller
en ville sans demander de permission. Toutefois, il fallait absolument
rentrer à 17 heures pour l’étude ou pour les vêpres le dimanche. Dans
le salon, on pouvait lire le journal, regarder la télévision, jouer
aux cartes … ou simplement jaser. Si un élève voulait s’acheter
des friandises et s’il ne l’avait pas fait en ville, il pouvait se
rendre au magasin coopératif de la Grande Salle aux heures
d’ouverture. Le courrier était distribué chaque jour par le portier
en avant-midi. De
façon générale, le règlement était bien respecté. S’il y avait
des écarts de conduite, la liste noire pointait les coupables qui
pouvaient perdre certains privilèges. Le châtiment le plus important
était de devoir quitter sa chambre pour une semaine et d’être obligé
de séjourner à l’étude et au dortoir de la Grande Salle. |
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# 1805 16 mars 2015 La Sainte-Catherine À l’article 1250, j’ai publié un texte d’un élève d’Éléments latins dans lequel ce dernier décrivait ce qu’il avait retenu de la fête de la Sainte-Catherine du 25 novembre 1953. Comme c’était la fête des élèves de Philosophie I, il y avait participé de l’extérieur.
Aujourd’hui, je vous invite à la Sainte-Catherine du 25 novembre 1959. Ce sont deux confrères, Léopold Fournier et Jean-Marc Sinclair qui nous décrivent les événements de ce jour auxquels ils participaient. Le texte a paru dans la Vie écolière de décembre 1959. En voici des extraits :
" Jeudi, 6 heures ! Les lumières des chambres s’allument, les verres de jus circulent, les boucles s’ajustent et voilà les philosophes lancés dans cette formidable et inoubliable journée !
À la pressante invitation des élèves du petit Séminaire (élèves de la Petite et de la Grande Salle), nous nous sommes fait un plaisir de nous rendre à la grande chapelle pour exécuter un programme de chants dodécaphoniques.
Vers 8 heures, ce fut l’entrée triomphale à la cafétéria aux acclamations hystériques d’une jeune foule en délire, accompagnées de la traditionnelle danse des cuillers sur les cabarets.
La fête elle-même, nous devrons dire les effervescences, débutèrent pour de bon quand des artistes de la classe exécutèrent un programme de danse, pour garçons et … chaises. […] Les échauffements furent refroidis dans la piscine. […]
Et les invités commencèrent à affluer. Ce fut une débandade de frères qui arrivèrent de tous les coins du pavillon et à qui l’on offrait de volumineux cigares, question de les avoir assis et bien tranquilles. […] Après le banquet (à la dinde), les activités se poursuivirent au salon. Nous fûmes très heureux d’y accueillir la plupart de nos professeurs anciens et actuels, ainsi que les dévoués maîtres de salle. […]
La soirée nous apporta la visite des ecclésiastiques (étudiants du Grand Séminaire) qui ne se sont pas fait prier pour participer à la partie récréative de cette journée. Comme nous l’avions prévu, la partie artistique, exécutée par le Trio Baroque, semble avoir répondu aux aspirations de tous. […]
Cette inoubliable journée se prolongea dans l’intimité du salon où l’on s’aperçut que, malgré notre bonne volonté de bien nourrir nos invités des dernières heures, il ne restait pas beaucoup de papillotes (kisses) à leur offrir, mais une franche sociabilité. " (Fin du texte cité)
C’était la première année que cette fête avait lieu au Pavillon de Philosophie. |
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1760
7 mars 2015 La
cloche au Séminaire S’il
était un être résonnant qui était omniprésent au Séminaire, c’était
bien la cloche. Elle entrait en scène dès le lever et se taisait au
coucher. Entre temps, par sa sonnerie, elle dictait le début et la fin
des récréations ; elle commandait le début et la fin des classes ;
elle dirigeait les élèves à la chapelle et ne disait mot même si la
cérémonie se prolongeait. Son
sosie, une clochette à main, était espéré, chez les Petits, quand la
température était froide, qu’il pleuvait ou qu’il neigeait
abondamment. À ce moment, un maître de salle sortait dehors avec sa
clochette et après deux ou trois tintements, il criait Salle volontaire. Quand
j’étais au Séminaire, je n’ai jamais su qui était la personne qui
posait son doigt sur la sonnerie. Je n’ai jamais pensé que la cloche
s’ennuyait pendant nos vacances. C’est en lisant un texte de Guy Bélanger
dans la Vie écolière de
septembre-octobre 1955 que j’ai compris mon manque d’empathie envers
la cloche. Voici l’extrait : « Mercredi,
7 septembre. La rentrée ! Jour d’épreuve pour les élèves, mais
jour de joie pour la cloche. « Ah ! se dit-elle, que c’est beau
de voir arriver tous ces élèves ! Après un dernier baiser à maman,
un cordial merci à papa, ils passent tout près de moi sans même me
regarder, excepté les nouveaux qui me tournent de gros yeux
inquisiteurs ! Oh ! les petits s’ils savaient comme je suis heureuse
de voir la fin de deux longs mois de silence ! » Après
des recherches, j’ai trouvé le coupable qui activait méthodiquement
la cloche : c’était le doyen des élèves de Philosophie II. En
1954-1955, il s’appelait Paul-Émile Bouillon. À une question posée
par Jean-Paul Gagnon qui voulait savoir ce que cela impliquait d’être
le doyen, celui-ci a répondu : « C’est bien simple, mon
vieux. Ici, le doyen, c’est un simple carillonneur. Règle générale,
c’est un Finissant, le plus vieux et le plus ancien. D’ordinaire,
c’est le plus sage » (Vie
écolière, mars-avril 1955) À
la suite d’une autre question posée par le journaliste en herbe,
Paul-Émile Bouillon a révélé qu’antérieurement le doyen avait une
clef commune en sa possession et qu’il pouvait demander certains congés.
Il concluait en disant : « La seule influence qui me reste,
c’est de commander élèves et professeurs avec ma cloche. » En
1956-1957, c’est Jean-Guy Théberge qui était responsable de sonner
la cloche. En
terminant, voici une courte parodie de la fable Les
Animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine : Un
mal qui répand sa clameur, qui
maniait cette sonnerie. Les
élèves obéissaient, |
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1720
27 février 2015 Un
chant éphémère Dans
son numéro de septembre-octobre 1953, la Vie écolière lançait
un concours pour doter le Séminaire d’un chant qui lui soit propre.
Un prix de 15 $, don de l’abbé Ernest Simard, était promis à l’élève
qui écrirait le meilleur texte. C’est Laurent Dubé, de
Belles-Lettres, qui remporta le concours. L’abbé
Robert Michaud alors directeur des élèves et reconnu pour sa jovialité
a écrit : « Le Chant du Séminaire est très beau. C’est
un magnifique chant de joie. Il est l’impression de l’idéal de tout
un monde d’étudiants. On l’entendra souvent. Il sera toujours un
signe de ralliement. Il nous aidera à voir grand ». Dans
son roman Sous les marronniers
publié par Septentrion en 1997, Laurent Dubé écrit : « Le
Séminaire, gardant l’œil bien ouvert sur les mutations sociales,
avait passablement rajeuni notre look l’année précédente en
laissant tomber notre solennelle redingote et notre ceinturon vert, ces
oripeaux démodés, témoins d’un autre âge. En prenant ses distances
avec notre accoutrement folklorique, mon Alma Mater vouait à l’oubli,
du même souffle, l’hymne du séminaire … que j’avais griffonné
en classe de Belles-Lettres, entre une page de Chateaubriand et un poème
de Lamartine, une commande de monsieur Armand Lamontagne, qui n’avait
vraiment plus rien à voir avec le pantalon gris et le blazer marine qui
nous flanquaient des allures modernes de jeunes universitaires anglais. » La
version finale de cet hymne, comme l’appelle son auteur, fut publiée
dans la Vie écolière de
septembre-octobre 1954. Voici les paroles : I Vous
les voyez passer, lala lala Rimouskois
enjoués, lala lala Prêts
à rire, à chanter, lala lala En
redingote bleue Avec
ceinturon vert Du
bonheur plein les yeux, lala lala Ils
sont du Séminaire. II Ce
sont jeunes garçons, lala lala Ennemis
des façons lala lala Tous
aimables et bons lala lala À
l’étude, à la cour, Avec
le même entrain Ils
s’appuient tout à tour lala lala Et
vont main dans la main. III Quand
viennent les vacances, lala lala Holà
! thèmes et stances, lala lala Et
Plutarque et Térence, lala lala Ils
revoient leur papa. Ils
revoient leur maman Et
quelqu’un après ça … lala lala Qu’ils
saluent gentiment. IV À
l’heure des repas lala lala On
enfile son plat lala lala Qu’il
soit maigre ou bien gras lala lala Les
pâtés de nos Sœurs Les
hachis et les fèves Font
monter les ardeurs lala lala Et
nourrissent les rêves. V Ils
aiment leur métier, lala lala Prennent
le temps aisé lala lala Sans
jamais rechigner lala lala Et
si quelques chagrins Assombrissent
leur vie D’un
léger coup de main lala lala Les
voilà repartis ! VI Y’a
des petits, des grands lala lala Des
foncés et des blancs lala lala Des
calés, des savants lala lala Mais
lorsqu’ils quitteront Leur
jeune Alma Mater Tous
ils se souviendront lala lala De
leur jeunesse fière. |
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1685
20 février 2015 Faits
remarquables : 1960-1961 7
septembre – Rentrée des élèves. Le
Pavillon de Philosophie accueille des élèves pour la deuxième année.
On compte 54 élèves en Philosophie 1e
année et 61 en 2e année. Une
enquête de la Vie écolière
révèle que 72,4 % des élèves des trois dernières classes ont
travaillé pour un salaire pendant les vacances. Celui-ci s’élève à
289,96 $ en moyenne par élève. Le
doyen des professeurs laïques, Gérard Bernier, fête ses 25 années
d’enseignement. 15
octobre – Le Théâtre universitaire canadien présente la pièce Le
journal d’Anne Frank. 20
octobre – À la surprise générale, l’abbé Raoul Thibault est nommé
chanoine. Il reçoit les hommages de la part des élèves, du clergé et
de ses confrères de classe. Le
football prend de l’envergure à la Petite Salle. Le
sujet de l’année à l’AJC (Association de la Jeunesse canadienne)
est la culture canadienne-française. 5
novembre – Les Jeunesses musicales présentent un concert. 7
novembre – La Société des concerts présente le ténor Richard
Verreau. 15
novembre – L’Orchestre symphonique présente un concert. Félix
Leclerc et Gilles Vigneault donnent un récital. La
Vie Écolière souligne les 50 ans d’existence du journal en publiant
un album-souvenir. L’Archevêque de Rimouski, Mgr Charles-Eugène
Parent, y publie un long texte où il souligne le fait qu’il faudrait
peut-être modifier les structures en éducation. Mais, il mentionne
qu’il n’appartient pas à la jeunesse étudiante de s’aventurer
sur ce terrain. On rappelle que Mgr Georges Dionne fut le fondateur de
ce journal. 13
décembre – Une commotion s’empare des élèves et des prêtres du Séminaire.
L’abbé Simon Amiot âgé de 44 ans décède des suites d’une crise
cardiaque. 28
janvier – Les Jeunesses musicales présentent un concert. 29
janvier – La retraite des Vocations débute pour les élèves de
Philosophie 1e année. Elle est prêchée par le Père Hudon,
un jésuite. La
Vie écolière souligne les 22
ans de dévouement de Sœur Pauline qui est en charge du réfectoire des
prêtres, de même que du Père Picard qui s’occupe de l’entretien
lui aussi depuis 22 ans. 19
avril – Les élèves de Philosophie 2e année prennent
l’autobus pour aller à la cabane à sucre à Saint-Fabien. 23
avril – Lors de la prise de rubans des élèves de Philosophie 2e
année, le Supérieur du Séminaire, Mgr Antoine Gagnon, remet à
Jean-Yves Thériault, un finissant de l’année précédente, le prix
du Prince-de-Galles. L’année
scolaire se termine par un succès aux examens universitaires de fin
d’année. Paul-Émile Vignola, un Finissant, remporte le prix du
Prince-de-Galles. C’est la deuxième année consécutive que le Séminaire
reçoit cet honneur. |
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1635
10 février 2015 La
Vie écolière La
Vie écolière était le
journal des élèves du Séminaire de Rimouski. Le premier numéro est
publié le 27 octobre 1911. Le tout est présenté sous une forme
manuscrite et est sous la responsabilité du Cercle Saint-Joseph qui était
affilié à l’A. C. J. C. (Association catholique de la jeunesse
canadienne-française). Mgr Georges Dionne est le premier modérateur et
il est considéré comme le fondateur du journal. Lors
de la fondation, la devise du journal est Parlons
français. Il est publié chaque jeudi. Les élèves doivent
s’abonner pour une somme de 10 sous par année ; tandis que les
Anciens déboursent 50 sous. La revue relate les événements
quotidiens, des opinions de lecteurs, des invitations au bon parler français,
des chroniques variées et même des renseignements nécrologiques. Les
numéros originaux des quatre premières années furent réunis en deux
volumes dans une reliure de cuir rouge et noir. À
partir de 1915, la forme manuscrite disparaît. En 1930, le bulletin de
l’Amicale naît et est intégré à la revue. La première
photographie apparaît le 27 février 1933. En 1936, un numéro spécial
est publié pour souligner le 25e
anniversaire de fondation. Le numéro contient au-delà de 100 pages. En
1948, le journal se mérite La
Griffe d’Or de la Corporation des Escholiers Griffonneurs. J’ai
connu la Vie écolière de
1953 à 1961. La revue était publiée généralement quatre fois par
année et était distribuée avant l’étude du soir puisque c’était
une période où la lecture était permise. Tout au long de ces années,
la revue a été l’objet de nombreuses critiques de la part des
lecteurs. Le point fort et en même temps le point faible étaient dus
au fait que les responsables étaient des élèves de Philosophie I et
II qui avaient une culture incontestée et en même temps qui étaient
âgés de 19 à 23 ans. L’âge du plus jeune lecteur, bon an mal an,
était de 11 ans. Le dilemme a toujours été de concilier les intérêts
et les expériences des pré-adolescents et des jeunes adultes. Au
début de chaque année, le nouveau directeur du journal, conscient des
difficultés de pénétration, faisait appel aux élèves pour qu’ils
apportent leur contribution, mais seule une minorité relevait le défi.
En décembre 1960, Jacques Ross, le directeur, lançait un cri
d’alarme. « La Vie écolière
mourra si la collaboration des élèves ne se fait pas meilleure. (…)
La plupart des articles (du présent numéro) sont signés par des élèves
du Pavillon, sauf heureusement quelques exceptions. » On le voit,
avec l’implantation d’un nouveau pavillon, le problème devenait
plus crucial. Pendant les années précédentes, ces élèves étaient
à la Grande salle. Ils pouvaient au moins témoigner des activités de
cette salle. En
mars 1959, la Vie écolière publiait un numéro spécial sur les systèmes d’éducation
autour du monde. On y trouvait 12 pages sur 24 traitant de ce sujet. Les
articles provenaient d’étudiants de France, du Portugal, de l’Espagne,
de l’Italie, de l’Allemagne de l’Ouest, de la Belgique, de l’Irlande,
de la Guinée, de l’Éthiopie, du Vietnam, d’Haïti et du Chili.
C’était un effort louable pour ouvrir l’esprit des élèves et leur
faire voir comment d’autres jeunes vivaient leur scolarisation. Il y
eut sûrement peu d’élèves qui ont lu ces pages. Il
y avait aussi, certaines années, un certain équilibre à apporter
entre les articles qui touchaient aux élèves et ceux qui donnaient des
nouvelles des anciens. En effet, l’Amicale des Anciens défrayait une
bonne partie, sinon totalement, les coûts de production. Malgré
ces difficultés, d’une année à l’autre, la Vie
écolière survivait et était une tribune de choix pour les
griffonneurs qui prenaient le risque … d’être critiqués ou louangés.
En 1963, la forme traditionnelle fut remplacée par le format tabloïd
de quatre pages. Le dernier numéro du journal étudiant a été publié
le 13 mars 1967 après 57 ans d’existence. Il a été remplacé par Le
Scribe, qui était désormais le journal des élèves du cégep de
Rimouski. |
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1595
2 février 2015 Le
Cercle missionnaire Quand
j’étudiais au Séminaire de Rimouski de 1953 à 1961, on nous
recommandait de faire partie d’au moins une association étudiante.
J’avais choisi le Cercle missionnaire. J’en fus secrétaire pendant
quelques années. En 1958-1959, cet organisme cessa ses activités. Sous
l’impulsion de l’abbé Robert Michaud, alors professeur d’Écriture
sainte au Grand Séminaire, en septembre 1959, les activités reprirent
sous un nouveau nom : le SMJ (Service missionnaire des jeunes). Je
devins alors vice-président et président, l’année suivante. Un
grand local était à notre disposition du côté de la Petite salle. Le
SMJ s’occupait de quatre volets : la récupération de remèdes
pour envoyer aux missions, la production de chapelets, la cueillette de
timbres et l’information aux autres élèves sur les activités
missionnaires. En 1960-1961, on comptait 120 membres. Voici
un extrait d’un article paru dans la Vie écolière de février 1960
sous la signature de Pierre-Paul Parent, qui était alors le président : « Après
deux mois d’action, nous avons eu le plaisir de recevoir le Révérend
Père Gendron, s. j., directeur provincial des SMJ. Le Père Gendron,
après nous avoir parlé d’un club américain (The Rosary Making
Club), nous montra que la fabrication de chapelets par des élèves
comme nous est assez facile. Notre aumônier et nous-mêmes, enthousiasmés
par cette proposition, avons décidé de la mettre à exécution. Rendus
au mois de janvier, nous avons déjà quelque 50 chapelets de fabriqués,
lesquels chapelets peuvent rivaliser facilement avec la plupart de ceux
que chacun possède. Cette initiative sans précédent est vraiment une
réussite. Les
30 premiers chapelets ont été envoyés en pays de mission. Un Père de
la Société des Pères Blancs, le Révérend Père Édouard Gagnon est
le premier à recevoir des chapelets missionnaires. Ces chapelets, bénis
par notre Archevêque Mgr Parent, sont fabriqués exclusivement pour les
missions. Ceci
n’est qu’une des nombreuses activités du SMJ du Séminaire. Nous
nous occupons de plus à recueillir les timbres usagés. Nous avons une
collection de timbres étrangers à entretenir. » (Fin du texte
cité Les
jeunes de la Petite salle, en particulier, se vouaient corps et âme
dans la fabrication de chapelets. Cette activité manuelle les
distrayait de leurs manuels scolaires. Je
me souviens d’être allé cogner à la porte de la maison de Jules-A.
Brillant, en compagnie de Pierre-Paul Parent, pour recueillir de
l’argent en vue d’achat de matériel : grains de chapelets,
croix, broche et pinces. Madame Brillant nous avait reçus aimablement
et nous avait donné 5 dollars : une fortune pour nous. |
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1560
26 janvier 2015 Le
Séminaire et ses écoles Le
Séminaire de Rimouski a fêté dernièrement son 150e
anniversaire de fondation. Les fêtes ont débuté en octobre 2013 pour
se terminer en juin 2014. Plusieurs événements ont eu lieu marquant
non seulement la vie du Séminaire mais aussi de toutes ses écoles. C’est
un véritable cégep que le Séminaire a mis en place au fil des ans. En
effet, le Séminaire a assumé la responsabilité d’une école de
Commerce, d’une école Technique, d’une école de Marine, d’une école
moyenne d’Agriculture et d’une école normale pour former des
enseignants, sans compter la mise en place d’un Centre d’études
universitaires au début des années 1960. Cette grappe d’écoles spécialisées
qui gravitaient autour du Séminaire a permis l’éclosion du Cégep de
Rimouski, de l’Institut maritime du Québec et de l’université du
Québec à Rimouski (UQAR). Dans
le cadre des fêtes du 150e anniversaire et pour souligner
cette évolution, un livre a été publié en 2013 avec la collaboration
de la Corporation du Séminaire. Son titre est : Le
Séminaire de Rimouski : ses écoles, ses œuvres. C’est un comité
formé d’historiens qui a rédigé cet ouvrage de 189 pages sous la
coordination de Sylvain Gosselin. L’histoire du Séminaire et de ses
écoles a été partagée en quatre périodes : Kurt Vignola
(1855-1881), Nive Voisine (1882-1925), Noël Bélanger (1926-1950) et
Pascal Gagnon (1951-1967). Un dernier chapitre clôt l’ouvrage. Il
s’agit d’un compte-rendu des activités et des politiques de gestion
du patrimoine du Séminaire pour la période 1968-2012. Des
exemplaires de l’ouvrage sont encore disponibles. On peut en trouver
à la Librairie l'Alphabet de Rimouski, à la Coopsco du Cégep et au
bureau de la Corporation du Séminaire. Sur demande, la Corporation
du Séminaire peut faire parvenir des exemplaires au coût de 20 $
(frais de port en sus) à quiconque en fait la demande par téléphone
au 1 418 723-0448. On peut aussi le faire par courriel à
l'adresse corporationseminaire@globetrotter.net. En
terminant, il est bon de se rappeler un texte de l’abbé Alphonse
Fortin en introduction à un bref historique du Séminaire dans l’Album
des Anciens, publié en 1940. « L’histoire du Séminaire de
Rimouski, quand elle sera achevée, démontrera à l’évidence que
cette institution n’a pas été l’œuvre d’un homme ou d’un
groupe d’hommes, mais bien le fruit de la collaboration du clergé et
du peuple rimouskois. » C’est le bout de phrase quand
elle sera achevée qui a attiré mon attention. Comment le futur
chanoine Fortin voyait-il la fin du Séminaire ? |
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1520
18 janvier 2015 Décès
de l’Archevêque de Rimouski Mgr
Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski depuis 2008 est décédé
le 10 janvier 2015 à l’âge de 71 ans après 47 ans de vie
sacerdotale. Outre sa famille immédiate, il laisse dans le deuil les
membres du clergé dont deux confrères du Séminaire de Rimouski :
Benoît Hins et Paul-Émile Vignola. Comme
d’autres confrères en 2011, un samedi de juin, nous avons eu le
privilège de faire une visite guidée dans les locaux de l’Archevêché.
Cette visite avait été organisée par Benoît Hins. À cette occasion,
Mgr Fournier nous avait aimablement reçus dans son bureau. Les
funérailles de Mgr Fournier auront lieu aujourd’hui, le dimanche 18
janvier 2015 à 14 h 30 en l’église de Saint-Robert. On sait que la
Cathédrale a fermé temporairement ses portes depuis novembre 2014 pour
des raisons de sécurité. Le
service funèbre sera présidé par le cardinal Gérald Cyprien Lacroix,
archevêque de Québec et primat de l'Église au Canada. Il sera diffusé
en direct sur Internet grâce à la collaboration de la webtélé de
l'archidiocèse de Québec, www.ecdq.tv
à compter de 14 h 10. Le
vicaire général, Benoît Hins, s'est dit atterré du départ de
l’Archevêque : « Le départ de Mgr Pierre-André Fournier, je
dirais que c'est la mort du Père. [...] Pour nous, diocésains et
diocésaines, c'est notre père dans la foi, donc le diocèse de
Rimouski vient de perdre son évêque mais son père aussi »,
a-t-il confié, la voix nouée. Suite
à ce décès, le Collège des consulteurs de l'Archidiocèse de
Rimouski s'est réuni le 14 janvier 2015 afin de procéder à l'élection
d'un administrateur diocésain. C'est l'abbé Benoît Hins, alors
vicaire général, qui a été élu. Il est immédiatement entré en
fonction. Il sera en poste jusqu'à l'arrivée du prochain évêque diocésain
qui sera nommé par le Saint-Siège. Nos
condoléances à Paul-Émile Vignola et à Benoît Hins. Nos pensées
accompagnent dans ses nouvelles fonctions l’administrateur élu de
l’archidiocèse de Rimouski. |
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1485
11 janvier 2015 Faits
remarquables : 1959-1960 4
septembre – Rentrée des élèves. L’abbé
Pascal Parent est le premier directeur du Pavillon de Philosophie. L’abbé
Pierre Sirois est le nouveau directeur du Petit Séminaire. Il succède
à l’abbé Pascal Parent qui a occupé ce poste pendant deux ans. Guy
Bélanger demeure le président du comité des Présidents de classe. Il
est assisté de Damien Chouinard, vice-président, et de Claude Perron,
secrétaire. 3
octobre – Un événement majeur se déroule au Séminaire. C’est
l’inauguration du Pavillon de Philosophie. L’Harmonie Sainte-Cécile
interprète le God Save the Queen,
suivi de l’O Canada. Mgr
Charles-Eugène Parent bénit les nouveaux locaux. J’ai eu l’honneur
d’être servant et d’accompagner en solo l’Archevêque jusqu’à
la chapelle pour la bénédiction de l’autel. Les invités de marque
sont le premier ministre Paul Sauvé, nouvellement élu, et le
lieutenant-gouverneur Onésime Gagnon. Le premier ministre promet
d’accorder un octroi additionnel de 200 000 $ pour aider à défrayer
le coût du Pavillon. 4
octobre – Les élèves de Philosophie reçoivent leurs parents pour
faire visiter leur Pavillon. La
liste noire fait son apparition au Pavillon. On y trouve les noms de
Jean-Yves Dumont, Martin Gamache, Jean-Paul Cyr, Ghislain Jean et
Charles-Henri Desrosiers. Qu’ont-ils donc fait ? 15
novembre – Mgr Charles-Eugène Parent célèbre la messe en la
chapelle du Pavillon et adresse la parole aux élèves qui terminent une
retraite de huit jours. Le
directeur de la Vie écolière,
Jérôme Gendron, écrit un article dans lequel il explique les raisons
qui ont amené les autorités du Séminaire à décider de construire un
Pavillon de Philosophie. Il écrit notamment : « C’est un
placement qui peut assurer de bonnes annuités au Séminaire sous forme
de résultats brillants aux examens, il est permis de l’espérer. »
Ses confrères de classe ne se surprendront pas des mots placement
et annuités qu’il a utilisés.
Pourtant, il avait vu juste, car dans chacune de ses deux premières années,
un élève du Séminaire a remporté le prix du Prince de Galles. Les
élèves de la Petite salle et de la Grande salle ont accès au gymnase
du Pavillon de Philosophie autant pour la gymnastique que pour le
badminton et le ballon-panier. Au
soccer, les deux équipes de Philosophie I se rendent en finale. Il est
décidé de ne pas présenter la finale à cause de la rivalité qui
existe entre les deux équipes … pourtant d’une même classe. Pour
la sixième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte les
honneurs aux quilles lors du tournoi d’automne. La
Vie écolière rend hommage à Gilles Vigneault qui a collaboré à
cette revue alors qu’il était élève au Séminaire. On y présente
un extrait de la revue publié en avril 1949 qui décrit le poète. 21
décembre – Lors de la soirée traditionnelle au pied de l’arbre de
Noël, le Supérieur lance l’idée qu’il faudrait intégrer une
Maman Noël comme accompagnatrice du Père Noël. 17
janvier 1960 – Les élèves de Philosophie I entrent en retraite des
Vocations pour une semaine en silence. Les externes doivent pensionner
au Séminaire. Tous suivent les Exercices spirituels de Saint-Ignace
avec un Père Jésuite, le Père Hudon, qui parle abondamment de la mort
et de l’enfer. À la suite de cette retraite, au moins la moitié des
élèves avaient décidé de se diriger vers le sacerdoce, la seule voie
pour se sauver. 27
janvier – L’Association de la jeunesse canadienne (A. J. C.)
s’interroge sur ce qu’est le séparatisme. 27
février – Ouverture des portes du laboratoire de chimie au Pavillon. Les
rhétoriciens présentent des caricatures pour chaque élève de leur
classe dans la Vie écolière :
quatre pages bien remplies. On
commence à parler de la fondation d’une université à Rimouski vu le
nombre grandissant de futurs candidats aux études universitaires. 6
mars – Les élèves ont leur carnaval pour la première année. Le
Gouvernement du Québec débloque des subventions statutaires pour les
collèges classiques. Le Séminaire se voit octroyer la somme de 63 400
$. 20
mars – Les Lacordaire du Séminaire célèbrent le 15e
anniversaire de fondation de leur cercle. L’abbé Pierre Bélanger,
aumônier diocésain, reçoit un certificat marquant ses 15 années
d’abstinence totale. Pour
la septième fois consécutive, l’équipe de Philosophie I remporte
les honneurs aux quilles lors du tournoi du printemps. Un
tournoi de badminton est organisé pour la première année. 19
avril – Décès de Mgr Louis Martin, supérieur du Séminaire de 1948
à 1957. La
Vie écolière souligne le 300e
anniversaire de la défaite de Dollard des Ormeaux au Long-Sault. L’année
scolaire se termine par un succès aux examens universitaires. Jean-Yves
Thériault remporte le prix du Prince-de-Galles. Le dernier récipiendaire
de ce prix en Philo II, pour le Séminaire de Rimouski, avait été
Jacques Ringuet, médecin, en 1932. Richard Joly, conseiller en
orientation, avait eu cet honneur en 1939, alors qu’il était en Rhétorique. |
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1455
5 janvier 2015 Le
clocher du Séminaire Lors
du feu de Rimouski en 1950, la chapelle qui avait été construite en
1921 fut partiellement détruite. Le clocher a été fortement endommagé.
Pour effacer les traces de cette tragédie, en 1955, le Séminaire de
Rimouski reçut un don inestimable : un carillon de quatre cloches.
Voici ce qu’en dit l’annuaire de 1956-1957 : « Grâce
à la générosité d’un honorable citoyen de Rimouski, Monsieur Roméo
Crevier, président de Québecair Inc. et de St. Lawrence Distributing
Co. Ltd, directeur de la Cie d’Assurance Montreal Life, le 13 novembre
1955, avait lieu la bénédiction d’un magnifique carillon de quatre
cloches par Monseigneur Charles-Eugène Parent, archevêque de Rimouski. Ce
carillon, qui chante depuis ce jour les joies et les tristesses de l’Alma
Mater, est mis en branle par une horloge dont les trois cadrans, de 98
pouces de diamètre chacun, couvrent trois côtés du clocher central. La
première cloche, baptisée sous le nom de Marie-Immaculée, pèse 1520
livres ; la seconde, Joseph, 616 livres ; la troisième, Antoine, 425
livres ; la quatrième, Charles, 375 livres. Elles font entendre
successivement les notes suivantes : sol, do ré, mi, soit la
sonnerie du carillon de Westminster. À
l’issue de cette cérémonie, un banquet, sous la présidence
conjointe de Monseigneur l’Archevêque et de Monseigneur Louis Martin,
supérieur du Séminaire, fut servi en l’honneur du généreux
donateur et de son épouse. Étaient aussi présents de nombreux amis de
M. et Mme Crevier et du Séminaire. À cette occasion, l’Alma Mater
s’enrichissait d’un nouveau fils, en décernant à M. Crevier un
diplôme qui le créait membre d’honneur de l’Amicale du Séminaire. Nos
plus sincères remerciements au donateur pour sa grande générosité,
rappelée sans cesse par ce magnifique carillon. » Roméo
Crevier fut maire de Rimouski de 1958 à 1961. Il est décédé en 1989
à l’âge de 79 ans. |
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1425
30 décembre 2014 Vente
de livres Au
Séminaire de Rimouski, au début de l’année scolaire, c’était
la grande vente de manuels scolaires. Le tout se passait dans la salle
d’études. Nous avions alors en main une liste de manuels requis
pour l’année. Quand
nous étions en Éléments latins en 1953, nous n’étions que des
acheteurs. Les élèves de la classe antérieure passaient devant nos
bureaux et nous offraient les livres dont ils n’avaient plus besoin.
L’escompte se situait entre 30 % et 50 %. Il fallait quand même se
méfier car certains essayaient de nous vendre des livres dont nous
n’avions peu ou pas besoin. Parfois, des élèves de la Grande salle
se pointaient le nez pour nous offrir à fort rabais un livre qui ne
servirait pas. Dans
la Vie écolière de
septembre-octobre 1958, un élève qui signe Moro écrit une chronique
intitulée Fragments de journaux
personnels où il met en relation le vécu d’un nouveau et
d’un philosophe. Voici un extrait :
Élève
d’Éléments 6
septembre 1958 – Cet avant-midi, j’ai acheté mes livres. J’ai
fait, je crois de bonnes affaires. Un philosophe m’a vendu deux
beaux gros dictionnaires Latin
en Poche pour deux piastres seulement. Ils sont réellement très
bons ces grands-là et ils savent vous donner d’excellents conseils
qui vous réchauffent le cœur. Élève
de Philosophie 6
septembre 1958 – Aujourd’hui traite
des livres. J’en ai vendu pour 25 $. Ça faisait longtemps que je
voulais vendre mes deux anthropopithèques de dictionnaires Latin
en Poche. Malheureusement, c’est un petit nouveau qui s’est
fait attraper. Bah ! Qu’il fasse la même chose que j’ai faite et
que l’on m’a faite.
De
façon générale, le truc était de trouver un élève de la classe antérieure
en qui nous avions confiance et de lui acheter tous les livres périmés
pour lui. L’escompte était alors plus élevé. Certains livres étaient parfois annotés par le propriétaire précédent. Ce dernier comptait ainsi obtenir un meilleur prix ; mais ce n’était pas toujours le cas. Il est arrivé qu’un professeur d’histoire générale avait pris l’habitude de faire des farces à des moments précis de ses cours. Certains élèves notaient les farces si bien qu’on nous avertissait qu’au cours suivant une telle farce serait dite. |
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1385
22 décembre 2014 Un
autel de marbre La
chapelle du Séminaire de Rimouski a vu passer plusieurs générations
d’élèves. Au cours des ans, il y eut des améliorations comme en
1957 où un nouvel autel central fut consacré. Voici ce qu’en dit
l’annuaire de 1956-1957 : « Le
20 février, Monseigneur le Supérieur consacrait le nouvel autel de
notre chapelle : un autel de marbre italien que nous attendions
depuis longtemps, parce que le matériel était arrivé depuis quelques
mois, mais dont la construction dut être retardée parce qu’il avait
fallu consolider le plancher du chœur. À
cinq heures de l’après-midi, M. l’abbé Émile Saint-Pierre, qui en
avait négocié l’achat avec la maison Petrucci-Carli, et en avait
suggéré les plans, célébrait la première messe sur cet autel. Les généreux
donateurs, Madame et Monsieur Wilfrid Ouellet, les prêtres et les élèves,
ainsi que plusieurs invités assistaient à cette messe. Quand
elle fut finie, les assistants furent invités à admirer de près l’œuvre
d’art dont notre chapelle s’enrichissait. Le
palier et les marches ainsi que le tombeau et le tabernacle, sont de
marbre Botticino ; la table, le gradin, le dessus des colonnes, de
marbre de Carrare blanc veiné (carrara bianco venato) ; les colonnes du
tombeau, de marbre Porta Santa ; la base des colonnes et la base du
tombeau, de marbre vert Saint-Denis. Le tombeau, le tabernacle et le
dessous des colonnes portent des incrustations de mosaïque vénitienne
de couleurs vert et or représentant des épis de blé. La porte du
tabernacle est de bronze véritable avec motif tête de Christ ;
au-dessus de la porte, en appliqué, une colonne de bronze également ;
l’intérieur est de cuivre doré. Le
soir, un dîner fut servi à l’issue duquel un diplôme de membre
honoraire de l’Amicale du Séminaire fut décerné à Monsieur
Ouellet. » (Fin du texte cité) Je serais curieux de savoir ce qu’est devenu cet autel lorsque le cégep de Rimouski a transformé la chapelle en bibliothèque. |
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1345
14 décembre 2014 Un
film honni Quand
j’étais finissant au Séminaire de Rimouski en 1961, je faisais partie d’un
organisme récemment créé dont les membres étaient les présidents
des différentes associations culturelles et sportives de la maison. Lors
d’une réunion, il fut proposé que chaque association aurait à préparer
une activité spéciale pour tous les élèves. Étant président du SMJ
(Service missionnaire des jeunes), j’énonçai le projet de présenter
un film payant à la salle académique. Le projet fut accepté avec
enthousiasme. En même temps, je voulais amasser un petit pécule pour
donner à la société des Missions-Étrangères. L’abbé
Robert Michaud, qui était un ancien directeur des élèves et qui était
maintenant professeur au Grand Séminaire, était l’aumônier du SMJ.
J’allai le consulter au sujet de mon projet. Il se dit
totalement en désaccord. Je décidai quand même de le réaliser. J’allai
voir l’abbé Paul-Émile Paré qui était responsable de l’audio-visuel.
Je lui demandai de me suggérer un film à saveur missionnaire. Il
sortit son gros catalogue et pointa le titre d’un film. Il me dit :
« Je m’occupe de tout. Ce film sera présenté à tous les élèves
à la salle académique un samedi après-midi. » Évidemment, je
devais absorber le coût de la location. Je fis de rapides calculs. Le
prix d’entrée serait de 15 sous pour les élèves de la Petite salle
et de 25 sous pour les élèves de la Grande salle et du Pavillon de
philosophie. Je pensais amasser au moins 40 dollars. Mes
confrères du Pavillon de philosophie n’étaient pas très
enthousiastes à l’idée d’aller voir un film missionnaire alors
qu’ils pouvaient sortir en ville à volonté. Je comptais sur les élèves
de la Grande salle et surtout sur ceux de la Petite salle. Une
demi-heure avant que la projection du long métrage, j’entendis dire
que le film était interdit aux élèves de la Petite salle parce que
jugé non conforme aux bonnes mœurs. Comme l’action se déroulait sur
une île habitée par des autochtones, il y avait des scènes où on
voyait des torses nus. J’étais
abasourdi. J’étais alors certain de faire un déficit car, à la
Petite salle, il y avait environ 200 pensionnaires. Certains confrères
du Pavillon devant cette situation changèrent leur plan et se présentèrent
en plus grand nombre que prévu à la représentation. Avant la
projection, l’abbé Paré monta sur la scène et fit de nombreuses
mises en garde. J’étais assis sur mon siège et ne cessais d’être
étonné de la tournure des événements, étant donné que ce n’était
pas moi qui avais choisi le film. Quand
la caisse fut comptée, le profit s’élevait à huit dollars et
quelques sous. J’avais alors un double problème. D’abord, je
trouvais que le montant était insuffisant pour faire un don aux
Missions-Étrangères. De plus, je me souvenais avoir été à
l’encontre de l’avis de l’aumônier. Je me rendis au bureau du chanoine Raoul Thibault que je considérais toujours comme mon directeur spirituel même si je n’allais presque jamais le voir. Je lui demandai conseil. Il me dit : « Prends l’argent ; mets-le dans la caisse de ton cercle missionnaire. Ainsi, vous pourrez continuer à fabriquer des chapelets pour les missions. » J’étais soulagé. |
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1310
7 décembre 2014 Quiz
sur le Séminaire Je
vous présente 10 petites questions à choix multiples sur le Séminaire.
Les anciens qui y ont étudié seront en mesure de mesurer l’état de
leurs souvenirs ou de leurs connaissances. Les réponses sont données
à la fin. 1.
En quelle année l’enseignement classique a-t-il débuté à Rimouski
? a)
1950
b) 1863 c) 1899
d) 1922 2.
Qui a enseigné l’histoire au Séminaire pendant 50 ans ? a)
Antoine Perreault
b) Charles Morin
c) Nive Voisine d) Alphonse
Fortin 3.
Comment s’appelait la cantine de la Grande salle ? a)
L’Estudiantine
b) La Familiale c) La
Procure
d) Le Fourre-tout 4.
Qui a fondé la troupe scoute du Séminaire ? a)
Rosaire Dionne
b) Gaétan Brillant c) Hervé Beaulieu
d) André-Albert Dechamplain 5.
Comment s’appelait l’endroit où était situé le cimetière des prêtres
? a)
Le Bosquet
b) Le Bocage
c) Le Bois-à-Pierrot
d) Le Parc 6.
Quel était le nom de l’orchestre du Séminaire ? a)
Saint-Charles
b) Sainte-Cécile
c) Saint-Antoine
d) Saint-Georges 7)
Qui a été directeur des élèves dans les années 1940 ? a)
Pierre Sirois
b) Robert Michaud
c) Raoul Thibault d) Jean-Guy Nadeau 8)
Qui fut le dernier supérieur du Séminaire ? a)
Georges Dionne b)
Louis Martin c) Antoine
Gagnon d)
Robert Lebel 9.
Quel était le sport le plus populaire à la Grande salle en automne
dans les années 1950 ? a)
Soccer
b) Baseball c) Balle molle d) Quilles 10.
Quelle fête les philosophes soulignaient-ils le 7 mars ? a)
Saint Pascal
b) Sainte Catherine
c) Saint Thomas d’Aquin
d) Saint Antoine Réponses 1b)
1863 2d)
Alphonse Fortin 3a)
L’Estudiantine 4d)
André-Albert Dechamplain 5b)
Le Bocage 6a)
Saint-Charles 7c)
Raoul Thibault 8d)
Robert Lebel 9a)
Soccer 10c)
Saint Thomas d’Aquin |
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Suite des textes sur le Séminaire de Rimouski |